Selon l'hebdomadaire allemand "Der Spiegel", la commission chargée d'enquêter sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, le 14 février 2005, à Beyrouth, suspecte désormais le Hezbollah d'avoir commandité l'attentat.
AFP - La commission d'enquête chargée de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri s'orienterait désormais vers une piste menant au mouvement chiite Hezbollah, indique l'hebdomadaire Der Spiegel.
Citant des informations obtenues de "sources proches du tribunal (spécial pour le Liban, TSL) et vérifiées par la consultation de documents internes", Der Spiegel écrit que "des investigations intensives menées au Liban pointent toutes vers une nouvelle conclusion: ce ne sont pas les Syriens, mais les forces spéciales de l'organisation chiite libanaise Hezbollah qui ont planifié et exécuté" l'attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri le 14 février 2005.
Interrogé par l'AFP à Beyrouth, le Hezbollah s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat.
Les documents consultés par le Spiegel, basés essentiellement sur des surveillances électroniques, ont permis aux enquêteurs d'identifier huit téléphones mobiles, tous achetés le même jour à Tripoli, dans le nord du Liban.
Ces appareils ont été activés six semaines avant l'attentat, et n'ont plus jamais été utilisés après, ce qui laisse à penser que leurs propriétaires étaient les membres du commando ayant commis l'attentat à la camionnette piégée à Beyrouth, dans lequel ont péri également 22 autres personnes.
Ces portables ont très souvent été localisés à proximité et en contact téléphonique avec 20 autres téléphones, appartenant, selon les enquêteurs libanais, au "bras opérationnel" du Hezbollah.
Les enquêteurs ont pu identifier le détenteur de l'un des huit premiers téléphones, grâce à un appel qu'il a passé à sa petite amie. Il s'agit de Abd al-Majid Ghamlush, membre du Hezbollah qui a séjourné dans un camp d'entraînement en Iran.
Ghamlush a été identifié comme l'acheteur des téléphones, et les enquêteurs ne savent pas où il se trouve, ni même s'il est en vie, ajoute l'hebdomadaire.
L'imprudence de Ghamlush a mené les enquêteurs vers celui qui est pour eux le cerveau de l'attentat, Hajj Salim, qui vit dans un quartier chiite au sud de Beyrouth, d'où il commande une "unité des opérations spéciales" qui rend des comptes directement à Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, poursuit-il.
Le Spiegel affirme encore que le procureur chargé de l'enquête, le Canadien Daniel Bellemare, et les autres juges du TSL essayent apparemment de "retenir" l'information, qui leur aurait été transmise il y a un mois environ.
Fin avril, quatre généraux libanais, détenus depuis 2005 à Beyrouth dans l'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri, avaient été remis en liberté, à la demande de M. Bellemare, en raison de l'absence d'"éléments de preuve suffisants".
Il s'agit de l'ex-chef de la garde présidentielle Moustafa Hamdane, de l'ancien chef des renseignements de l'armée Raymond Azar, de l'ex-directeur général de la Sûreté générale Jamil Sayyed, et de l'ex-chef des Forces de sécurité intérieure Ali Hajj, 52 ans.
L'article est disponible sur les pages anglophones du site du Spiegel (www.spiegelonline.de/international), et il ne sera mis en ligne en allemand que lundi à la sortie de l'édition papier, a-t-on appris auprès de l'hebdomadaire.