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Grèce : selon Varoufakis, l'Allemagne veut un "Grexit" pour intimider les Français

Yanis Varoufakis, l'ancien ministre grec des Finances, épingle l'Allemagne dans une tribune publié dans "The Guardian". Selon lui, Berlin souhaite le "Grexit" pour imposer son modèle disciplinaire en Europe et intimider la France.

Yanis Varoufakis a démissionné, mais l’ancien ministre grec des Finances n’hésite pas à donner son avis dans la presse britannique. Il estime, dans une tribune publiée samedi 11 juillet dans "The Guardian", que l'Allemagne veut que la Grèce soit évincée de l'union monétaire pour intimider la France et lui faire accepter "son modèle d'une zone euro disciplinaire".

Dans le viseur de Varoufakis, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, qui veut selon lui une sortie de la Grèce de la zone euro - ou "Grexit" - pour "mettre les choses au clair, d'une façon ou d'une autre".

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"Ma conviction est que le ministre allemand des Finances veut que la Grèce soit évincée de la monnaie unique pour susciter une crainte de tous les diables chez les Français et leur faire accepter son modèle d'une zone euro disciplinaire" écrit Yanis Varoufakis, qui a démissionné lundi 6 juillet dernier.

Le Parlement grec a voté vendredi en faveur de la proposition de réformes faite jeudi par le gouvernement Tsipras à ses créanciers (UE, BCE, FMI). Considérée comme "positive" par les créanciers, cette proposition, qui sera examinée samedi par les ministres des Finances de la zone euro, fait renaître l'espoir d'un accord évitant à Athènes la sortie de l'euro.

Vendredi, le Parlement français a adopté la "loi Macron", destinée à relancer l'économie moribonde du pays. La France, deuxième puissance économique de la zone euro, fait face à une faible croissance et à un chômage élevé, ainsi qu'à un important endettement public, source de tensions avec Bruxelles.

Pour Yanis Varoufakis, l'Allemagne, bailleur de fonds et chantre de l'orthodoxie budgétaire en Europe, veut faire de la Grèce un exemple pour faire entrer les Français dans le rang.

"Soudainement, l'insoutenable dette publique grecque, sans laquelle le risque de 'Grexit' se serait estompé, a acquis une nouvelle utilité pour Schäuble", affirme-t-il.

Selon lui, lorsque la Grèce est devenue insolvable en 2010, au lieu d'une restructuration de la dette et d'une réforme de l'économie, c'est l'option "toxique" qui a été choisie : "L'octroi de nouveaux prêts à une entité en faillite tout en prétendant qu'elle restait solvable."

Depuis que le parti de gauche radicale Syriza est arrivé au pouvoir, ajoute l'ex-ministre des Finances, "une large majorité au sein de l'Eurogroupe - sous l'influence de Schäuble - a adopté le 'Grexit' comme solution privilégiée ou comme arme de choix contre notre gouvernement."

Il estime que si la Grèce finissait par quitter la zone euro, cela prendrait plus d'un an. "Le 'Grexit' serait l'équivalent de l'annonce d'une forte dévaluation plus de 18 mois à l'avance : une recette pour liquider tout le stock de capital grec et le transférer à l'étranger par tous les moyens possibles", écrit-il.

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Avec AFP