L'ex-chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara est rattrapé par la justice. Exilé au Burkina Faso depuis cinq ans, il a été inculpé mercredi pour les massacres du 28 septembre 2009 où 150 opposants avaient été tués à Conakry.
L’ancien chef de la junte guinéen Moussa Dadis Camara a été entendu à dans la capitale burkinabè mercredi 8 juillet par des juges guinéens et enquêtant sur le massacre d’opposants en septembre 2009. Au cours de cette audition, le capitaine Camara a été inculpé pour cette violente répression qui avait entraîné la mort de plus de 150 personnes dans le stade de Conakry.
L'interrogatoire a été conduit par deux juges d'instruction et un procureur guinéens au palais de Justice de Ouagadougou, au Burkina Faso, où le capitaine Camara est en exil depuis 2010. Ce dernier devrait être également encore entendu la semaine prochaine. Cette inculpation suit la visite, la semaine dernière en Guinée, de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda.
Paul Nsapu, secretaire général Afrique de la FIDH, réagit à l'inculpation de Dadis Camara
Retour à la vie politique
Selon les partisans de Moussa Dadis Camara, cette action en justice est purement politique. "Il a fallu que l'ancien président annonce son retour en politique et affiche clairement son intention de briguer les suffrages des électeurs en octobre prochain pour que cette machine judiciaire se réveille", a ainsi déclaré à l’AFP Maxime Monimou, porte-parole de son parti, le Front patriotique pour la démocratie et le développement (FPDD).
Le capitaine Camara, âgé d’une cinquantaine d’années, a en effet annoncé en mai dernier son intention de rentrer en Guinée pour se présenter à l'élection présidentielle, dont le premier tour est prévu le 11 octobre. "Je suis guinéen avant tout et rien ne m'interdit de rentrer dans mon pays", avait-il déclaré.
Moussa Dadis Camara avait pris le pouvoir en décembre 2008 à la tête d’une junte militaire, après la mort du président Lansana Conté. Il s’était exilé à Ouagadougou après s'être fait soigner au Maroc, où il a été hospitalisé à la suite d'une tentative d'assassinat en décembre 2009 orchestré par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba, qui lui reprochait de vouloir lui faire porter l'entière responsabilité du massacre de 2009.
Ces violences avaient été commises dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d'opposants à la candidature à l'élection présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara. Au moins 157 personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines sont portées disparues depuis, selon un rapport de la Commission internationale d'enquête de l'ONU. Au moins 109 femmes avaient aussi été violées dans le stade et ses environs. Dadis Camara nie toute responsabilité dans ces événements et assure que l'armée n'a pas agi sur ses ordres.
Avec AFP