Au menu de cette revue de presse française, lundi, toutes les réactions à la victoire du "non" au référendum en Grèce. "Un coup de tonnerre dans l'Europe de l'austérité" qui consacre la victoire de la démocratie mais ouvre une période de grande incertitude quant à l'avenir de la Grèce. Ce résultat du vote met les États face à leurs responsabilités...
Un seul titre à la une de la presse française lundi : le "non" au référendum en Grèce. Un résultat qui sonne comme une victoire de la démocratie. Pour "l’Humanité", c’est un "coup de tonnerre dans l’Europe de l’austérité", estime Maurice Ulrich dans son édito. C’est un "non lucide, courageux et puissant d’un peuple debout (…) une magnifique leçon de démocratie que la Grèce et ses dirigeants ont donné à l’Europe". Dans ce "non" du peuple grec, il y a aussi, selon "Le Parisien", la résurgence des "non"de 2005, année des référendums sur la Constitution européenne rejetée par les Français, les Néerlandais ou encore les Irlandais. Aujourd’hui, le camp du "non" a essaimé, indique "le Parisien". Il a pour nom Syriza, Podemos en Espagne mais aussi l'extrême droite. Ici, on appelle l’Europe à se rénover vers plus de transparence démocratique.
Si Tsipras a gagné la partie, les journaux soulignent toutefois cette période d’incertitudes… Que va-t-il se passer ? Laurent Joffrin dans "Libération" prédit qu’en cas de divorce "la Grèce se jettera dans une Odyssée solitaire digne des épreuves affrontées par Ulysse". Mais pour l’Europe, une sortie de l’euro signifie le risque de dislocation de l’Union et la mise en berne du projet européen. Il faut maintenant choisir, prévient-il, les responsables européens sauveront-il l’Europe ? Difficile à dire pour "l’Opinion" car "rien n’a été anticipé" souligne le journal libéral. C’est "la pagaille" : le journal compare l’Europe au capitaine du Titanic qui convoque les passagers pour leur demander s’il faut prendre plutôt à bâbord ou à tribord, alors que le navire s'approche de l'iceberg à grande vitesse. C’est "un naufrage annoncé qui attend le pays et ses créanciers" conclut ce quotidien.
Cette victoire du "non" reflète finalement une crise de l’Europe. Car "la zone euro" est une maison inachevée titre "Libération". Lorsque la crise grecque a éclaté en 2010, la monnaie unique devait être le premier pas vers une fédération politique, condition sine qua non pour assurer sa viabilité à long terme. À l’époque, ces conditions n’étaient pas réunies pour aller plus loin. Il fut seulement convenu que chaque État gérerait son économie et son budget en respectant les règles communes : le pacte de stabilité… "L’Europe n’était donc pas mure pour cette expérience de monnaie unique", constate Nicolas Barré dans "les Échos". Et c’est bien aujourd’hui le projet de toute une génération qui risque d’être anéanti juste au moment où d’autres zones de la planète étendent leur influence. L’Europe est donc à l’heure "d’un choix difficile", constate "La Croix". Car l’enjeu majeur, c’est aussi de faire face à la crise des "exit" des pays qui, pour une raison ou une autre, songent à quitter tout ou une partie des institutions communautaires.
Pour la presse de droite, le Grexit semble pourtant se préciser. "Malgré les mises en garde solennelles, les Grecs ont décidé de suivre Tsipras dans sa folle aventure" constate le "Figaro" dans son édito. Mais s’il exige aujourd’hui de rester dans l’euro, il a oublié de dire aux Grecs qu’il n’en avait pas les moyens. "Sauf miracle" prévient le journal, le Grexit tant redouté se mettra finalement en route : le "vote du peuple grec a lancé une dynamique que rien ne semble pouvoir arrêter"…