envoyé spécial de France 24 à Utrecht. – Avec deux représentants sur le podium du Tour en 2014 (Jean-Christophe Péraud, 2e, et Thibaut Pinot, 3e), les Français reviennent sur la Grande Boucle avec un bel héritage à faire fructifier. Mais en ont-ils vraiment les moyens ?
Après une décennie compliquée, à peine éclairée par les quelques barouds d’un Thomas Voeckler inspiré mais limité, les Tricolores ont retrouvé des couleurs sur les routes du Tour de France en 2014. Pour la première fois depuis trente ans et les exploits d’Hinault et de Fignon, deux Français ont pris position sur le podium final du Tour.
Et si Jean-Christophe Péraud, deuxième, et Thibaut Pinot, troisième, ont fait l’objet d’éloges mérités, d’autres représentants du cyclisme hexagonal ont eux-aussi brillé l’an passé. Romain Bardet, sixième au général, mais aussi Blel Kadri et Tony Gallopin, vainqueurs d’étape, ont confirmé la belle tenue de la nouvelle génération. En 2015, plus que jamais depuis quelques décennies, les coureurs français seront donc attendus au départ du tour, le 4 juillet à Utrecht (Pays-Bas).
Jeunes pousses du général…
Sur la ligne, Thibaut Pinot (FDJ) fait sans conteste office de porte-étendard. Le grimpeur franc-comtois, 25 ans, a brillé au tour de Romandie et surtout au Tour de Suisse, où il a fini de convaincre qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs sur les gros pourcentages. Il pourrait tirer son épingle du jeu sur cette édition 2015, d’autant que les portions réservées à l’effort individuel ont été réduites aux seuls 13,8 km du contre-la-montre inaugural.
Une particularité de ce Tour qui pourrait également profiter à Romain Bardet (AG2R), sixième du dernier tour. Le grimpeur de 24 ans, qui avait attaqué l’édition 2014 en position d’équipier de luxe de Jean-Christophe Péraud et de Domenico Pozzovivo, sera cette fois co-leader de l’équipe dirigée par Vincent Lavenu. Un statut justifié au regard de son Tour-2014 et de ses récentes performances, notamment au Critérium du Dauphiné Libéré, en juin, où il a remporté l’une des plus belles étapes, au sommet de la montée de Pra-Loup.
Tout aussi explosif, bien que moins à l’aise sur les fortes pentes, le grimpeur-puncheur Warren Barguil (Giant) pourrait également créer la surprise pour son premier tour. Le jeune Français, 23 ans, découvre la Grande Boucle, mais il a déjà prouvé sa qualité sur des courses de trois semaines. En 2014, il a terminé le Tour d’Espagne à une très prometteuse huitième place.
… et chasseurs d’étapes
À ne pas oublier, enfin, le vétéran Jean-Christophe Péraud, deuxième du Tour l’an passé, et qui rêve de réitérer une telle performance. Mais l’autre leader de l’AG2R, du haut de ses 38 ans, devra tirer son épingle du jeu en montagne puisque les chronos, sur lesquels il excelle généralement, n’auront presque pas droit de cité sur les routes de cette édition 2015. De quoi le motiver à aller jouer la gagne sur une étape de montagne ?
Jouer la gagne d’un jour, justement, c’est l’objectif de deux autres jeunes engagés sur le Tour, et qui entretiennent une rivalité depuis le début de leur carrière pro à la FDJ. Nacer Bouhanni (Cofidis) et Arnaud Démare (FDJ), les deux pépites du sprint français, seront pour la première fois tous les deux présents.
Pour Bouhanni, ce Tour doit être celui du retour au premier plan, après le désaveu de 2014, quand la direction de la FDJ l’avait écarté au profit de son rival. Le champion de France 2012, qui a rejoint Cofidis en 2015, rêve de prouver à ses anciens patrons qu’ils ont parié sur le mauvais cheval. En l’absence de Marcel Kittel, l’un des meilleurs sprinteurs du peloton, il espère en tout cas glaner plusieurs victoires d’étape en début de Tour, s’il a récupéré de sa chute aux Championnats de France 2015. Et pourquoi pas disputer le maillot vert en fin de boucle…
Chez la FDJ, en revanche, on navigue à vue. Arnaud Démare, malgré quelques fulgurances et un indéniable talent, n’a pas réussi à franchir le cap du niveau World Tour, où les sprints se règlent le plus souvent entre les stars de l’exercice (Greipel, Sagan, Kittel et Bouhanni, en général). Lui n’a levé les bras sur la ligne qu’à deux reprises en 2015, lors du Tour de Belgique. Le déclic peut-il se produire sur les routes du Tour pour le sprinteur de la FDJ ? Pas impossible, d’autant que le champion de France 2014 possède tout de même l’une des plus belles pointes de vitesse du peloton.
C'est d'ici que s'élanceront les 198 coureurs engagés sur le #TDF2015 demain. Les préparatifs sont en cours. pic.twitter.com/OcbgxGyyKs
— YB (@y_bux) July 3, 2015