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Après l'attentat de Sousse, des milliers de touristes annulent leur séjour en Tunisie

Depuis l'attaque terroriste qui a fait 38 morts près de Sousse, au sud de Tunis, les voyagistes ont annulé des milliers de séjours prévus en Tunisie. La ministre tunisienne du tourisme chiffre les pertes à au moins 450 millions d'euros.

Depuis le sordide attentat qui a fait 38 morts, le 16 juin dans la station balnéaire de Sousse, au sud de Tunis, les touristes se détournent de la Tunisie. Malgré les mesures annoncées par le gouvernement tunisien pour assurer leur sécurité, les voyagistes européens enregistrent depuis vendredi des milliers d'annulations de séjours initialement prévus dans ce pays au mois de juillet.

Après l'attaque, des milliers de touristes ont été évacués par leur tour-opérateur. Le belge Jetair a rapatrié 2 000 personnes le lendemain de l’attentat ; le britannique Thomson a lui envoyé 10 avions pour rapatrier ses 2 500 touristes. Le syndicat des agences de voyage françaises (Snav) a indiqué avoir enregistré "80 % d'annulations et de demandes pour une autre destination" concernant juillet.

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Les autorités tunisiennes tentent tant bien que mal de rassurer : "S'il y a des défaillances [des forces de sécurité, NDLR], des sanctions seront prises immédiatement", a assuré mardi 30 juin le président Béji Caïd Essebsi alors que selon plusieurs témoignages, l'attaque aurait duré une trentaine de minutes avant que la police intervienne.

Le président a reconnu que les forces de l'ordre n'étaient pas préparées à l'éventualité d'une attaque sur une plage. "C'est vrai que nous avons été surpris par cette affaire. Ils ont pris des dispositions pour le mois du ramadan mais jamais ils n'avaient pensé que cela devait se faire sur les plages", a dit Béji Caïd Essebsi à la radio française Europe 1, en allusion aux responsables de la sécurité.

Impact de 450 millions d’euros en 2015

Outre le choc qu'elle a suscité en Tunisie et à l'étranger, cette attaque, revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI), risque donc d'avoir un impact économique très lourd dans ce pays où le tourisme pèse plus de 7 % du PIB.

La révolution de 2011 avait déjà saigné à blanc ce secteur-clé de l'économie tunisienne. La fréquentation touristique s'était effondrée de 30 % en 2011, pour tomber à 4,8 millions de visiteurs. En 2014, après trois années de marasme, les recettes du tourisme commençaient à opérer une légère croissance, même si le nombre de touristes restait de 12 % inférieur à celui de 2010. Mais l'année 2015, marquée par deux attentats - celui de Sousse, et celui du Bardo en mars – annonce de nouveaux mois de vache maigre.

La ministre tunisienne du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, chiffre l'impact économique de l'attentat à 450 millions d'euros minimum et s’alarme des conséquences. "Il faut prendre des décisions sinon il va y avoir des problèmes sociaux et économiques dans le pays. Le tourisme tunisien est là depuis 60 ans. Si ce secteur s'écroule et qu'il n'est pas soutenu, c'est toute l'économie qui s'écroule", a-t-elle déclaré devant la presse. Elle a ensuite annoncé une série de mesures destinées à limiter les dégâts dans le secteur, déjà affecté par les bouleversements politiques, les tensions économiques et sociales et la menace jihadiste croissante.

L’aveu d’un échec

En mars, l’attaque du musée du Bardo à Tunis, qui a fait 21 morts - principalement des touristes -, avait provoqué une première chute de fréquentation touristique. Une opération de soutien à la Tunisie, "I will come to Tunisia this summer", avait ensuite émergé sur les réseaux avec comme recommandation : "Soutenez la Tunisie en venant passer vos prochaines vacances dans le pays de l’amitié". Mais cette fois-ci, il est à redouter que les réseaux sociaux ne soient pas suffisants.

Pour la Fédération des agences de voyages, ce nouvel attentat est l'aveu d'un échec. "Nous n'avons pas su protéger les touristes qui venaient passer des vacances. C'est dans des cercueils qu'ils ont quitté notre pays. C'est un échec. Nous devons revoir notre façon de faire, repérer les failles et les régler", estime Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération.

Il y a urgence. Le secteur du tourisme tunisien emploie près de 15 % de la population, représente environ 7 % du PIB, et quelque 400 000 emplois directs et indirects.

Avec AFP