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Combinaisons perdantes pour les Français

Après l'interdiction par la Fédération internationale de natation de certaines combinaisons, dont celles portées par Bernard et Bousquet lors de leurs records du monde, le natation française se prépare à des semaines difficiles.

Mettant un terme à plusieurs mois de polémique, la Fédération internationale de natation (Fina) a publié, mardi, une liste de combinaisons officiellement homologuées. Ou plus exactement le début d’une liste. Car sur les quelque 900 combinaisons existantes, seules 199 ont été validées et 10 rejetées.

Mais si ce début de réglementation est plutôt une bonne chose pour ce sport, la décision d’interdire les combinaisons en polyuréthane, un plastique à base de molécules organiques, est une épine dans le pied pour la Fédération française de natation (FFN).  "Interdire le tout polyuréthane est une bonne chose, cela marque la volonté d'aller dans le sens de l'équité" s'est pourtant officiellement félicité mercredi Christian Donzé, le directeur technique de la natation française.

Mais la FFN doit se préparer à jouer sur deux tableaux ces prochains jours. D’un côté, elle est obligée de se plier aux décisions de la Fina. De l’autre, elle veut soutenir les nageurs français dont les performances, obtenues grâce à des équipements controversés, sont directement remises en questions.

Refus du "air-trapping"

À l’heure actuelle, les combinaisons Jaked 01 et X-Glide d’Arena des deux champions français n’ont pas été homologuées, ce qui remet en cause leurs records du monde obtenus lors des championnats de France le mois dernier. La Fina n'a toujours pas précisé si les records du monde d'Alain Bernard (46"94) et Frédérick Bousquet (20"94) avaient été homologués ou annulés, les deux records étant toujours "en attente de ratification" d’après son site internet. Petite lueur d’espoir pour les Français, les deux modèles figurent sur la liste des 136 combinaisons qui doivent être revues avant le 19 juin.

La modification demandée par la Fina concerne l’"air-trapping", un mécanisme qui permet au nageur d’emprisonner de l’air entre son corps et sa combinaison lui conférant une meilleure flottabilité.

"Cette décision va dans le bon sens. Ce qui nous importe, c'est l'équité entre les nageurs", affirme de son côté Nicolas Préault, directeur général d'Arena France, qui dispose de 30 jours pour modifier sa combinaison X-Glide.

Les Australiens et les Américains sont, eux, soulagés par la décision de la Fina. Équipés par le fabricant australien Speedo, partenaire de la Fédération internationale, ils ne disposaient pas d’option "tout polyuréthane" et ont par conséquent endossé le rôle de victimes.

"On peut facilement imaginer qu'un record du monde doit être battu dans une combinaison approuvée et non pas dans une combinaison modifiée", a ainsi glissé Alan Thompson, directeur technique australien et membre de la commission d'homologation qui a statué.

"Le record ne sera pas homologué"

Les records du monde battus par Alain Bernard et Frédérick Bousquet étaient précédemment détenus par l’Australien Eamon Sullivan. Son entraîneur, Grant Stoelwinder, n’est d’ailleurs pas en proie au doute quand il s’agit de commenter la performance des nageurs français.  "Il est évident que la combinaison portée par Alain Bernard n'est pas approuvée et que le record ne sera pas homologué, a-t-il déclaré. Et l'autre [celle de Bousquet, ndlr] avait une pré-homologation qu'elle n'a plus aujourd'hui."

Le nageur italien Filippo Magnini, double champion du monde sur 100 mètres, s’est également dit soulagé. "Je veux bien être battu par un nageur, mais pas par une combinaison", a-t-il lancé.

À deux mois des Championnats du monde, qui se tiendront du 26 juillet au 2 août, la polémique autour des combinaisons "magiques" n’est pas prête de désenfler. Et les débats risquent de se poursuivre en 2010, puisque la Fina a d’ores et déjà décrété que les combinaisons devront être composées avec un maximum de 50 % de polyuréthane.