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Érythrée : l'ONU suspecte le régime d'Asmara de crime contre l'humanité

Trois enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU ont rendu public lundi un rapport accablant sur l'Érythrée. Ils y dénoncent les crimes "systématiques et à grande échelle" perpétrés par le régime d'Issayas Afewerki.

Exécutions, tortures, travaux forcés, esclavage sexuel... Après une année d'enquête, trois experts mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU ont rendu public un rapport accablant sur la situation en Érythrée, lundi 8 juin. Sur près de 500 pages, ils décrivent un système répressif où les gens sont régulièrement arrêtés, détenus, torturés et tués ou portés disparus.

"La commission a établi que des violations systématiques et à grande échelle des droits de l'Homme ont été et sont commises en Érythrée sous l'autorité du gouvernement [...] certaines pourraient constituer des crimes contre l'humanité", affirment les experts. Ces violations interviennent "à une échelle rarement constatée ailleurs", ajoutent-ils.

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Les Éryhtréens fuient massivement le pays

La situation qui prévaut en Érythrée provoque un exode massif : des centaines de milliers d'Érythréens ont quitté leur pays, s'exposant dans leur fuite aux multiples dangers des trafiquants et des passeurs, notamment dans le Sinaï. Selon l’enquête des Nations unies. À la mi-2014, le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU avait estimé le nombre de réfugiés érythréens à 360 000, répartis dans le monde. Chaque mois, quelque 5 000 Érythréens fuient leur pays, ils constituent la seconde population après les Syriens à se lancer dans la périlleuse traversée de la Méditerranée. Ils sont en outre à la merci des trafiquants d'être humains dans le Sinaï, qui les capturent et les torturent pour obtenir le versement de rançons.

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Selon le rapport de l'ONU, le président Issayas Afewerki a mis en place, au cours de ses 22 années passées au pouvoir, un système de surveillance de masse. Les membres d'une même famille doivent rendre compte les uns sur les autres. Les personnes sont détenues pendant des années dans des conditions inhumaines sans même savoir pourquoi. Le "service militaire national", obligatoire pendant une durée théorique de dix-huit mois, peut se prolonger ad vitam æternam et dissimuler des pratiques de "détention arbitraire, torture, torture sexuelle, travail forcé et absence de congés".

"Malgré le fait que la Commission a recherché la coopération entière du gouvernement érythréen et demandé à avoir accès au pays et aux données d’information, elle n’a reçu aucune réponse", précisent les enquêteurs.

Avec AFP et Reuters