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Addis Abeba dément la présence de troupes éthiopiennes en Somalie

Le gouvernement d'Addis Abeba a affirmé mardi qu'il n'y avait pas de troupes éthiopiennes en Somalie, après que des témoins eurent indiqué que des soldats éthiopiens avaient franchi la frontière entre les deux pays.

AFP - Des troupes éthiopiennes en véhicules blindés et lourdement armées, sont de nouveau entrées mardi en Somalie selon des témoins, quatre mois après leur retrait complet du pays où les insurgés ont lancé le 7 mai une vaste offensive contre le gouvernement.

Le gouvernement d'Addis Abeba a démenti cette information, assurant qu'"aucun soldat éthiopien" n'était entré en Somalie.

Plusieurs témoins interrogés par l'AFP ont vu mardi matin ces soldats éthiopiens tenir des barrages routiers dans l'ouest du pays au niveau de la localité de Kalabeyrka, sur l'axe routier reliant Beledweyne, à 20 km de là, à Mogadiscio, 300 km plus au sud.

"J'ai vu des soldats éthiopiens tenir des barrages à Kalabeyrka. Ils étaient nombreux et avaient des véhicules blindés, y compris de gros camions surmontés de défenses anti-aériennes", a témoigné Mohamed Cheikh Abdi, passager d'un bus qui se rendait à Beledweyne.

"On nous a rapporté que l'Ethiopie avait déployé des centaines de soldats et douze véhicules blindés à Kalabeyrka mais nous ne savons rien de leurs intentions pour le moment", a déclaré à l'AFP un chef coutumier de Beledweyne, Abdinur Moalim Omar.

Ce mouvement éthiopien semble intimement lié à la progression récente des insurgés somaliens dans la région, les Ethiopiens ayant tacitement fait de Beledweyne une ligne rouge à ne pas franchir.

Les insurgés somaliens ont lancé le 7 mai une offensive sans précédent, menée par la milice du chef islamiste radical cheikh Hassan Dahir Aweys et les shebab, pour chasser du pouvoir le président Sharif Cheikh Ahmed.

Ils se sont emparés dimanche de la ville stratégique de Johwar, à 90 km au nord de Mogadiscio, et avaient fait de Beledweyne, sous contrôle des forces pro-gouvernementales, leur prochain objectif, selon des sources locales.

Lundi, le gouvernement éthiopien avait exclu "pour le moment" une nouvelle intervention militaire dans le bourbier somalien, estimant qu'il n'y avait pas de "menace directe pour l'Ethiopie".

La situation sécuritaire en Somalie a conduit l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), regroupant actuellement six pays d'Afrique de l'est, à convoquer une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères mercredi à Addis Abeba.

"Je ne serais pas surpris outre mesure que les Ethiopiens interviennent de nouveau parce qu'ils ne peuvent accepter de voir les insurgés islamistes arriver à leur frontière", a indiqué à l'AFP un haut responsable de l'Union Africaine (UA).

"Il s'agit peut-être d'une manoeuvre d'intimidation, ou bien du début d'une intervention. Il faut attendre la réunion de l'Igad pour le savoir", a-t-il ajouté.

Les insurgés contrôlent la totalité du sud et la quasi totalité du centre de la Somalie.

Les shebab sont des dissidents des tribunaux islamiques qui avaient contrôlé pendant le deuxième semestre 2006 le centre et le sud de la Somalie jusqu'à leur mise en déroute par l'armée éthiopienne venue soutenir les autorités somaliennes.

Ces insurgés ont admis pour la première fois la semaine dernière la présence à leurs côtés de combattants étrangers, sans préciser leur nombre et nationalité.

Dans l'interminable guerre civile débutée en 1991, MM. Aweys et Ahmed avaient dirigé ensemble les tribunaux islamiques.

M. Ahmed avait ensuite rejoint le processus de réconciliation supervisé par l'ONU avant d'être élu président fin janvier. M. Aweys a toujours rejeté ce processus et promis de renverser son ancien partenaire.