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Fifa : les Palestiniens veulent mettre le football israélien sur la touche

Le conflit israélo-palestinien s’invite sur les terrains de football. Le président de la Fifa, Joseph Blatter, est attendu dans la région, alors que la Palestine, membre de la Fédération, demande à l'instance mondiale du football de suspendre Israël.

Le président de la Fifa, Joseph Blatter, est attendu ce mardi 19 mai à Jérusalem, puis mercredi à Ramallah, où il essaiera de mettre un terme une crise diplomatico-footbalistique. Le sport le plus populaire de la planète est en effet pris à son tour dans le tourbillon du conflit israélo-palestinien. Et pour cause : les Palestiniens, membres de l'instance mondiale depuis 1998, entendent déposer une résolution réclamant la suspension de la fédération israélienne à l'occasion du prochain congrès de la Fifa, qui se tiendra les 28 et 29 mai à Zurich.

Signe de la gravité de la situation, Joseph Blatter sera reçu respectivement par le Premier ministre de l’État hébreu Benjamin Netanyahou et par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. "J'essaie de trouver une solution pour éviter un vote durant le prochain congrès", a-t-il récemment indiqué dans des propos rapportés par l’AFP. Et d’ajouter : "En ce moment, c'est mon défi numéro 1, mais c'est un défi délicat".

L’omnipotent patron du football mondial, qui s’est souvent rendu dans les Territoires palestiniens, s'est déjà prononcé contre l'exclusion d'Israël. "La suspension d'une fédération, quelle que soit la raison, est toujours nuisible à l'organisation dans son ensemble", a-t-il déclaré.

Un "carton rouge" pour les Israéliens

Concrètement, l'État hébreu est accusé d’empêcher le développement du sport dans les Territoires occupés et de pénaliser injustement les joueurs et leur encadrement. Notamment en imposant des restrictions de mouvement entre la bande de Gaza et la Cisjordanie occupée et en contrôlant l'importation d'équipements sportifs.

"Se déplacer, voyager, c'est très compliqué pour nous et ça met une pression inutile sur toute l'équipe, explique à France 24 Mohammed Darwich, le milieu international palestinien. Dès qu'on doit aller quelque part en Palestine ou à l'étranger, on nous met des obstacles, c'est vraiment dur." De son côté, le Franco-algérien Noureddine Ould Ali, l’un des entraîneurs de l’équipe palestinienne, raconte qu'il est souvent retenu et longuement interrogé par les autorités israéliennes lorsqu'il atterrit à Tel-Aviv.

Le président de la Fédération palestinienne Jibril Rajoub veut qu'Israël soit sanctionné. "Les Israéliens font preuve de haine, d'hostilité et de racisme à notre égard, indique cet ancien conseiller de Yasser Arafat à France 24. Il est temps pour la communauté internationale de leur adresser un carton rouge."

Côté israélien, on estime que la démarche palestinienne n'a aucun rapport avec le sport, mais s’inscrit plutôt dans le cadre de leur offensive diplomatique et judiciaire devant les organisations internationales (Unesco, Cour pénale internationale…). Ce n’est qu'une façon pour les Palestiniens de "mélanger politique et sport, ce qui est totalement contraire à la vision de la Fifa", affirme Shlomi Barzel, chargé de la communication à la Fédération israélienne.

"Nous sommes certains que le congrès rejettera cette proposition sans fondement", affirme-t-il, car Joseph Blatter a nommé un envoyé, le Chypriote Costakis Koutsokoumnis, qui n'"accuse la Fédération israélienne de rien et a salué ses efforts" de coopération avec la Fédération.

Les Palestiniens misent sur leurs soutiens internationaux

Mais ce n’est pas tout : dans le document qu’ils comptent soumettre, les officiels palestiniens accusent également des équipes israéliennes d’enfreindre les statuts de la Fifa. Il s’agit de "cinq clubs dans des colonies implantées sur les terres occupées depuis 1967, qui participent aux championnats nationaux israéliens en violation du droit international". Il s’agit en l’occurrence des colonies d'Ariel, de Mishor Adumim, de Kyriat Arba, de Givat Zeev et de Bikat HaYarden.

"Nous, on ne se mêle pas de politique. Tout le monde peut avoir son opinion et l'exprimer librement. On respecte tout le monde. De notre point de vue, il n'y a aucun problème", rétorque Moshe Salmi, entraîneur du Beitar Irony Maale Adumim.

Enfin, les Palestiniens ont également justifié leur démarche en dénonçant le "racisme" anti-arabe de certains clubs israéliens. Le patron du football israélien, Rotem Kamer, a admis l'existence de ce problème, mais en soulignant qu'il n'était pas spécifique à son pays. Il a rappelé que des mesures disciplinaires "très dures" ont été prises contre le Beitar Jérusalem, connu pour les débordements racistes de ses supporters ultra-nationalistes.

Pour être approuvée, la résolution palestinienne a besoin de recueillir les voix d'une majorité des trois quarts des 209 membres de la Fifa. Joseph Blatter tentera le tout pour le tout pour trouver un compromis entre les deux parties afin d’éviter à tout prix que la politique ne s’immisce dans le football.

Dans les années 1970, les Palestiniens avaient obtenu, grâce à leurs soutiens internationaux, l’exclusion d'Israël de la Confédération asiatique. Aujourd'hui, assurent-ils, plusieurs pays africains et asiatiques les soutiennent, et pourraient appuyer leur démarche à Zurich.

Avec AFP