![Colombie : herbicide contre cocaïne… poison contre poison ? Colombie : herbicide contre cocaïne… poison contre poison ?](/data/posts/2022/07/20/1658308923_Colombie-herbicide-contre-cocaine-poison-contre-poison.jpg)
La Colombie est l’un des principaux pays producteurs de cocaïne au monde. Pour lutter contre sa production et affaiblir la guérilla des FARC, qui tire une grande partie de son financement du narcotrafic, Bogota a opté pour une méthode d’éradication contestée : les fumigations. Enquête de nos reporters.
En Colombie, depuis plus de vingt ans, et avec le soutien des États-Unis, les autorités répandent de puissants herbicides par avion sur les cultures de coca illégales : du Roundup. Mais cet herbicide puissant, produit par Monsanto, serait dangereux pour la santé et l’environnement.
La population qui habite à proximité des zones aspergées, dans le sud du pays, et jusqu’à la frontière équatorienne, où nous nous sommes rendus, dénonce les conséquences des épandages massifs. Nous avons rencontré des hommes et des femmes qui affirment être tombés malades après le passage des avions. Certains d’entre eux affirment même avoir perdu un ou plusieurs enfants. Leur bétail est mort, la terre n’est plus fertile et leurs cultures, comme celles de cacao ou de café, ont été détruites.
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En mars dernier, une alerte été lancée. Le Centre international de recherche sur le cancer (le CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la Santé basée en France, a classé le glyphosate, l’ingrédient de base du Roundup, "cancérogène probable chez l’homme", dernier échelon avant une classification comme "cancérogène certain".
L’étude a aussitôt été contestée par la firme Monsanto qui commercialise ce désherbant et affirme qu'il est sans danger.
En Colombie, le débat est désormais ouvert sur les fumigations. Des divisions ont éclaté au sein même du gouvernement. Le ministre de la Santé s’est prononcé en faveur d’une suspension "immédiate" des fumigations, au nom du principe de précaution. Tandis que le ministre de la Défense souhaite, lui, qu’elles se poursuivent, au nom de la lutte contre "la criminalité".
Le dossier devrait être tranché le 15 mai, date à laquelle le président colombien Juan Manuel Santos, qui doit aussi tenir compte de ses relations diplomatiques avec Washington, a convoqué une réunion du Conseil national des stupéfiants.
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