
Robert Ménard, maire de Béziers soutenu par le Front national, a expliqué lundi avoir des statistiques sur l'appartenance religieuse des enfants scolarisés dans sa commune, provoquant un tollé général. Le parquet de Béziers a ouvert une enquête.
C'est un véritable tollé que Robert Ménard a provoqué, lundi 4 mai, en expliquant qu'il possédait des statistiques sur l'appartenance religieuse des enfants scolarisés à Béziers, la commune qu'il administre. Le maire, élu avec le soutien du Front national, a précisé ensuite que 64,6 % d'entre eux étaient musulmans.
"Ces chiffres, c'est ceux de ma mairie, on les a. Pardon de vous dire que le maire, il a classe par classe le nom des enfants, je sais que je n'ai pas le droit de le faire, pardon de vous dire que les prénoms disent les confessions", a-t-il soutenu.
François Hollande : "En France, il ne peut y avoir de fichage d’élèves en fonction de leur religion"
Robert Ménard dit y voir le reflet d'un "problème avec l'immigration" et invoque l'absence de maîtrise du français des parents de ces enfants.
Tollé général
Des déclarations qui ont provoqué l'indignation de la classe politique, à droite comme à gauche. "Honte au Maire de Béziers. La République ne fait AUCUNE distinction parmi ses enfants", écrit le Premier ministre, Manuel Valls, sur Twitter.
Honte au Maire de Béziers. La République ne fait AUCUNE distinction parmi ses enfants. MV
— Manuel Valls (@manuelvalls) 5 Mai 2015La ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, dénonce pour sa part un "fichage non seulement illégal de la part d'un maire qui est à ce titre représentant de l'État sur sa commune, mais aussi profondément anti-républicain".
"J'ai demandé à la rectrice de Montpellier de saisir le procureur de la République pour protéger les élèves de cette commune et mettre un terme immédiat à cette pratique qui attente à la République."
#Béziers Face à ce fichage profondément anti-républicain, j’ai demandé à la Rectrice de saisir la Justice. http://t.co/95hoZSve3Z
— Najat Belkacem (@najatvb) 5 Mai 2015Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, évoque pour sa part un "climat de guerre civile verbale" qui "mine notre cohésion nationale et porte atteinte au message d'égalité de la France", dans un communiqué intitulé "Monsieur Ménard, ce n'est plus Reporters sans frontières, c'est raciste sans limite !"
Gérald Darmanin, député UMP et porte-parole de Nicolas Sarkozy durant la campagne pour la présidence du parti, écrit pour sa part sur les réseaux sociaux que son second prénom est Moussa et interroge : "Enfant dans votre ville, aurais-je été fiché ?"
Par mon grand-père Harki, mon deuxième prénom est Moussa. Enfant dans votre ville aurais-je été fiché @RobertMenardFR ? #FN #scandaleux
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 5 Mai 2015Le parquet de Béziers a annoncé mardi avoir ouvert une enquête préliminaire sur le fichage des élèves en fonction de la religion. Une perquisition a eu lieu mardi après-midi à la mairie de Béziers.
L'enquête devra permettre d'établir la réalité du fichier, contestée mardi par la mairie de Béziers, ainsi que la méthode employée, précise le communiqué du parquet.
En effet, la mairie de Béziers a démenti dans un communiqué l'existence d'un fichier autre que ceux de l'Éducation nationale, mais les propos de l'ancien président de Reporters sans frontières ont provoqué un tollé dans la classe politique et au-delà.
La loi du 6 janvier 1978 précise qu'il est interdit de "collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques".
Avec AFP et Reuters