
Les députés italiens ont voté lundi une nouvelle loi électorale qui doit assurer à l'Italie une stabilité gouvernementale. Une véritable révolution culturelle dans un pays habitué aux coalitions hétéroclites et instables.
C'est une révolution culturelle en Italie. Les députés italiens ont voté lundi 4 mai en faveur d'une nouvelle loi électorale censée garantir au pays une stabilité gouvernementale. Une premère dans un pays qui a connu des décennies de valse des gouvernements, faute de majorité à la Chambre des députés.
Le nouveau mode de scrutin garantit une majorité de quelque 55 % des sièges de la Chambre des députés au parti arrivé en tête, ce qui représente une véritable révolution culturelle dans un pays habitué aux coalitions hétéroclites et instables.
Ce nouveau texte, qui doit encore être promulgué par le président italien Sergio Mattarella avant d'entrer en vigueur en 2016, prévoit ainsi d'assurer la majorité des sièges, 340 sur 630, au parti, et non plus à la coalition de partis, qui obtiendrait au moins 40 % des voix au premier tour des législatives.
Si aucun parti ne franchit ce seuil, un second tour est prévu deux semaines plus tard entre les deux partis arrivés en tête, pour déterminer qui bénéficiera de la prime à la majorité.
Le projet fixe à 3 % le seuil pour obtenir des sièges, assurant ainsi aux principaux petits partis la certitude d'être représentés, tout en évitant qu'ils puissent mettre en péril la stabilité de la majorité gouvernementale.
L'adoption du texte est une victoire pour le président du conseil italien Matteo Renzi, qui avait mis sa démission dans la balance. "Engagement maintenu, promesse respectée. L'Italie a besoin de ceux qui ne disent pas toujours non. En avant avec humilité et courage", a-t-il aussitôt réagi sur Twitter.
Un loi critiquée, jusque dans le camp de Renzi
Ce texte a été vivement critiqué par une partie de l'opposition et au sein même du Parti démocrate (PD, gauche au pouvoir) de Matteo Renzi, qui en dénonçait la dérive anti-démocratique.
Pippo Civati, l'un des chefs de file de la minorité anti-Renzi au sein du PD, a jugé lundi devant le parlement que cette loi conduisait au gouvernement d'un homme seul, une des grandes craintes des détracteurs de l'énergique chef du gouvernement italien. À l'instar d'autres dissidents du PD, il a indiqué avoir voté non lundi soir.
"Ils peuvent me dire : 'Ça suffit, va-t-en', mais je ne suis pas ici pour rester 20 ans au pouvoir. Je suis ici pour changer l'Italie. Si je n'y arrive pas, je rentre chez moi", avait insisté Matteo Renzi dimanche au cours d'une réunion électorale.
"La nouvelle loi électorale comporte un élément de grande clarté : il sera évident pendant cinq ans de savoir qui a gagné, qui gouverne", et cette "stabilité politique est une condition préalable à l'innovation économique", avait encore souligné lundi matin le chef du gouvernement italien devant les opérateurs boursiers à Milan.
Pour être véritablement efficace, la nouvelle loi doit cependant être complétée par une révision constitutionnelle réduisant fortement les pouvoirs du Sénat, qui jouit pour l'instant des mêmes prérogatives que la Chambre des députés. Ce projet est actuellement en deuxième lecture à la chambre haute et devrait faire l'objet d'un référendum.
Après une série de navettes entre les deux chambres, le texte a été définitivement adopté par le Sénat en janvier, avec l'appui de Forza Italia, le parti de l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi.
Avec AFP