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Pour "Charlie Hebdo", la polémique autour du prix du PEN est un malentendu

Avant de se voir remettre un prix de la société littéraire PEN aux États-Unis, des membres de la rédaction de "Charlie Hebdo" sont revenus sur le refus de certains écrivains de participer au gala, estimant qu'il s'agissait d'un malentendu.

"Je crois qu'il y a un petit malentendu." Jean-Baptiste Thoret, critique cinéma à "Charlie Hebdo", est revenu vendredi sur la controverse autour de la remise d'un prix pour la liberté d'expression au journal satirique, visé par un attentat sanglant en janvier dernier.

"À mon avis, ils pensent que le prix [de la société littéraire américaine PEN American Center, qui sera remis lors d'un gala mardi à New York] est attribué à 'Charlie Hebdo' pour son contenu", a poursuivi le journaliste, qui s'exprimait en anglais.

"Il y a confusion, c'est un prix attribué au principe de la liberté d'expression", a-t-il ajouté, après avoir néanmoins balayé cette opposition d'un goguenard "pour moi, pas de problème, et tant mieux pour eux !"

Jean-Baptiste Thoret et le rédacteur en chef de "Charlie Hebdo", Gérard Biard, sous surveillance discrète de gardes du corps sans uniformes, étaient les invités d'une rencontre organisée à Washington par l'association Freedom House pour les libertés, à laquelle ont assisté une centaine de personnes dûment fouillées à l'entrée de la salle.

Quelque 150 écrivains membres du PEN, dont Peter Carey, Michael Ondaatje ou encore Francine Prose, ont annoncé la semaine dernière qu'ils ne participeraient pas au gala annuel de la société, et ce pour contester le choix de remettre à l'hebdomadaire satirique français un prix pour la liberté d'expression. Ils ont critiqué les choix éditoriaux du magazine, qui, selon certains, viserait trop souvent l'islam et son prophète.

D'autres auteurs, parmi lesquels Salman Rushdie, Paul Auster et Art Spigelman, avaient répliqué en défendant le choix de "Charlie Hebdo".

>> À lire sur France 24 : Des écrivains protestent contre la remise d’un prix à "Charlie Hebdo" 

"C'est toujours gratifiant d'avoir une position paradoxale, de dire : 'Je ne pense pas comme la masse, je suis au-dessus de ça', a ensuite ironisé lors d'une interview à l'AFP Gérard Biard. Après, c'est leur problème. S'ils considèrent que le PEN n'a plus à défendre la liberté d'expression, pourquoi ne le quittent-ils pas ?"

La société littéraire a réagi à son tour, le vendredi 1er mai, dans les colonnes du "New York Times", le journal qui avait annoncé le boycott une semaine plus tôt. Le président du PEN American Center Andrew Solomon et sa directrice exécutive Suzanne Nossel, ont réaffirmé leur choix de distinguer "Charlie Hebdo". "En remettant ce prix, le PEN ne valide pas le contenu ou la qualité des dessins, si ce n'est pour dire que nous ne pensons pas qu'il s'agisse d'incitations à la haine", ont-ils rappelé.

Les responsables du PEN défendent la volonté de la rédaction du journal satirique de se moquer de tous les sujets, dont la religion. "L'inquiétante absence de respect généralisé envers les musulmans en France n'amoindrit pas le courage de 'Charlie Hebdo' à défendre le droit d'être irrespectueux".

Avec AFP