Le président ivoirien Alassane Ouattara a été investi candidat de la coalition au pouvoir en Côte d'Ivoire en vue de la présidentielle en octobre. L'opposition dénonce un scrutin déjà "verrouillé" par le pouvoir en place.
Déjà officiellement désigné candidat de son parti pour l'élection présidentielle en octobre, le président ivoirien Alassane Ouattara a obtenu, samedi 25 avril, l'investiture de la coalition au pouvoir.
"J'annonce l'investiture du candidat unique du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir) pour l'élection présidentielle" a déclaré Henri Konan Bédié, l'ex-chef de l'État ivoirien et principal allié d'Alassane Ouattara, au cours d'une cérémonie ayant rassemblé plusieurs dizaines de milliers de sympathisants dans le stade Félix Houphouët-Boigny, le plus grand d'Abidjan.
Coiffé d'un chapeau blanc sur une chemise de la même couleur, Alassane Ouattara a fait une entrée triomphale dans cette enceinte de 35 000 places, à bord d'une voiture décapotable. Ses sympathisants l'ont accueilli aux cris de "ADO président !"
Face à une opposition divisée, Alassane Ouattara, 73 ans, part grand favori du scrutin. Sans leader incontesté et en proie à de fortes divisions, le parti de l'ancien président Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), n'a toujours pas décidé s'il se lancerait ou non dans la bataille.
Réussite économique mais réconciliation inachevée
Après une décennie de crise politico-militaire marquée par une partition du pays, cet ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) peut se vanter d'une vraie réussite économique en quatre ans au pouvoir. Sous sa houlette, la Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, a retrouvé une forte croissance, d'environ 9 % annuels entre 2012 et 2014, soutenue par un investissement public fort. Le troisième pont enjambant la lagune d'Abidjan, chantier monumental, symbolise les réussites de ce premier mandat. L’opposition ivoirienne, elle, critique une mauvaise répartition des fruits de la croissance.
Si Alassane Ouattara peut se flatter d'avoir accompagné l'apaisement de la Côte d'Ivoire, son bilan en matière de réconciliation reste critiqué. La commission "Vérité et réconciliation", censée provoquer une catharsis par l'audition de victimes et de leurs bourreaux, après les violences postélectorales de décembre 2010-mai 2011 qui ont fait plus de 3 000 morts, n'a débouché sur rien de concret.
De même, aucun cadre pro-Ouattara n'a été inquiété pour son rôle dans cette crise alors que les deux camps ont commis des exactions, nourrissant les accusations de "justice des vainqueurs". L'ex-Première dame Simone Gbagbo a été condamnée le 10 mars à 20 ans de prison pour "attentat à la sûreté de l'État", au terme d'un procès critiqué par des défenseurs de droits de l'Homme.
Alassane Ouattara est également accusé par ses détracteurs de "verrouiller" le processus électoral, selon les termes de l'ex-président de l'Assemblée nationale sous l'ère Gbagbo, Mamadou Koulibaly, qui dénonce une volonté de "se garantir une victoire trop facile".
Avec AFP