
Malgré le feu vert saoudien, le Comité international de la Croix-Rouge peine à faire parvenir de l'aide à la population yéménite qui, outre les bombardements, subit les combats entre les rebelles chiites et les partisans du président Hadi.
Au 13e jour de l’opération de bombardement du Yémen par une coalition menée par l’Arabie saoudite, la situation humanitaire s’aggrave d’heure en heure dans le pays. Les hôpitaux, faute de médicaments, ne peuvent plus soigner les blessés qui se comptent par centaines.
Malgré le feu vert obtenu dimanche auprès des autorités de Riyad, le Comité international de la Croix-Rouge fait état de "problèmes logistiques" pour acheminer son aide. Mardi matin, un premier vol du CICR a pu atteindre Sanaa mais quelque 48 tonnes de médicaments et de kits chirurgicaux attendent pour être expédiés au Yémen par avion ou bateau. Des tentes, générateurs et équipements pour réparer les réseaux d'approvisionnement en eau endommagés sont également en attente d'expédition.
"La situation humanitaire est très critique au Yémen, pays qui importe 90 % de ses produits alimentaires", a déclaré à l'AFP Marie-Claire Feghali, porte-parole du CICR à Sanaa. Et elle est même "catastrophique" à Aden, où "la guerre a gagné tous les coins de la ville", a précisé Marie-ClaireFeghali. En raison des combats, la plupart des quelque 800 000 habitants "ne peuvent même pas s'enfuir". Et "des cadavres restent parfois abandonnés dans la rue, personne ne pouvant s'aventurer pour aller les récupérer", relate la porte-parole du CICR.
Poursuite des combats
Les affrontements entre rebelles chiites et les partisans du président soutenus par l'Arabie saoudite n’ont pas cessé. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 540 personnes ont été tuées et 1 700 autres blessées depuis le 19 mars, date du début des bombardements.
Lundi, les combats se sont concentrés dans le sud où au moins 141 personnes ont été tuées, dont 53 à Aden, selon un bilan obtenu de différentes sources. Dans cette ville, la deuxième du Yémen, les affrontements se sont soldés depuis dimanche par "la mort de 17 civils et de 10 combattants des comités populaires", ces partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Ryad, ainsi que de 26 rebelles, soutenus par l'Iran.
Ces miliciens et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui se sont emparés l'an dernier de Sanaa et de vastes régions du nord et du centre, ont réussi début mars à avancer vers Aden. Lundi, les rebelles se heurtaient à la résistance des "comités populaires", ravitaillés en armes et munitions par la coalition.
À Sanaa, des avions de combat volant à basse altitude ont aussi mené plusieurs frappes lundi contre des camps militaires autour de la capitale et sur une montagne surplombant le palais présidentiel, ont indiqué des témoins, notant l'absence pour la première fois en 12 jours de réplique de la DCA des rebelles. "Nous continuons à cibler les dépôts d'armes et de munitions", a déclaré le général Assiri, ajoutant que "des membres de tribus se rendaient à Aden pour défendre la ville".
itÉvacuation de ressortissants
La Jordanie, membre de la coalition, a annoncé lundi avoir évacué, via l'Arabie saoudite, 130 de ses ressortissants, tandis que la France a évacué par mer, via le port de Balhaf (est), 63 personnes, dont 23 Français, vers Djibouti. De leur côté, les États-Unis ont reconnu lundi ne pas être en mesure d'évacuer leurs ressortissants et les ont invités à quitter le Yémen en guerre par voie maritime, notamment grâce à des navires d'autres pays.
Au port de Hodeida (ouest), des frégates de la Marine indienne et chinoise ont évacué respectivement 450 et 100 personnes, selon une source portuaire. Le ministère indien des Affaires extérieures a affirmé avoir été sollicité par 23 pays pour aider à l’évacuation de leurs ressortissants, parmi lesquels les États-Unis, la France, l’Allemagne ou encore l’Égypte.
Trois avions indiens et un russe ont atterri lundi à Sanaa pour des opérations d'évacuation, a rapporté un photographe de l'AFP.
Avec AFP