Les manifestants antigouvernementaux refusent d'évacuer les aéroports de Bangkok, où des dizaines de milliers de touristes restent bloqués. Les partisans du pouvoir se sont rassemblés dimanche dans la capitale du pays.
"On attend des forces de l’ordre qu’elles lancent l’assaut pour chasser les manifestants des aéroports et que l’on puisse rentrer chez nous. Pas qu’on nous envoie des danseuses pour nous faire passer le temps."
Ce commentaire, recueilli auprès d’un touriste occidental bloqué devant l’aéroport militaire de U-Tapao, à cent quantre-vingt kilomètres de Bangkok, en dit long sur la colère et la frustration des vacanciers, pris au piège de la confusion politique thaïlandaise. Et tant pis pour le corps de danse thaïlandaise, dépêché sur place par une chaîne hotelière.
Si quelques rotations organisées par les principales compagnies aériennes ont pu reprendre, elles sont loin de répondre à la demande de la foule qui se presse pour quitter le pays. "C’est la première fois que je viens en Thaïlande, dit un touriste britannique, et je crois bien que cela sera la dernière."
L'économie thaïlandaise est totalement paralysée
Pas moins d’un million de Thaïlandais travaillant dans l’industrie touristique risquent de perdre leur emploi. Des centaines d’usines et d’entreprises prévoient de fermer dans les prochains jours, et les milieux d’affaires ont menacé, ce week-end, de ne plus s’acquitter de leurs taxes si le gouvernement n’intervenait pas fermement pour mettre un terme à la crise.
La Thaïlande s’enfonce dans l’anarchie et la loi martiale n’y fait rien : personne ne fait le premier pas pour contrer les manifestants anti-gouvernmentaux.
Réunion de crise des pro-gouvernementaux à Bangkok
Seule option : les mouvements pro-gouvernementaux, largement accusés d’être à l’origine des dernières attaques à la grenade contre l’Alliance du Peuple pour la Démocratie. Des milliers d’entre-eux se sont réunis dimanche soir en plein cœur de Bangkok, promettant d’en découdre avec leurs ennemis et, même, d’aller les déloger de l’aéroport, si la "police de se décidait pas à faire son travail."
Les risques de confrontation directe entre les deux camps semblent de plus en plus inévitables, d’autant plus que la Cour constitutionnelle doit rendre, ce mardi, un verdict à haut risque après des accusations de fraudes électorales impliquant le parti majoritaire au Parlement.
Des accusations qui pourraient conduire à une disqualification des membres du gouvernement ainsi que du Premier ministre lui-même.