logo

Ligue arabe : crise au Yémen et création d’une force conjointe au menu

Alors que la coalition menée par l'Arabie saoudite poursuit ses frappes au Yémen contre la milice chiite houthie, les chefs d’États de la Ligue arabe se réunissent en Égypte pour évoquer la création d’une force militaire conjointe.

C’est en pleine crise au Yémen que les chefs d’États de la Ligue arabe se retrouvent samedi 28 mars en Égypte pour tenter de mettre sur pied une force militaire arabe. L'émir du Koweït, les rois de Jordanie et du Bahreïn, les présidents de la Tunisie et de l'Autorité palestinienne, le chef du parlement libyen reconnu par la communauté internationale, ainsi que le secrétaire général de l'ONU, seront notamment présents à Charm el-Cheikh. Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi fait également acte de présence.

À l’origine, ce projet de création d'une force multinationale arabe avait été porté par le président égyptien al-Sissi pour lutter contre les groupes terroristes, en particulier contre l’organisation de l’État islamique (EI). Sur le papier, cette force, regroupant des soldats des États membres, serait chargée de mener "des interventions militaires rapides" pour parer aux menaces sécuritaires planant sur les pays arabes. Une définition large et donc sujette à la discorde : lesdites "menaces sécuritaires" ne sont pas les mêmes selon les pays.

>> À lire sur France 24 : "Derrière le chaos au Yémen, la rivalité entre l'Iran et l'Arabie saoudite"

Ainsi, si l'Égypte – et la Jordanie – voient dans la création de cette force arabe un moyen efficace de lutter contre les extrémistes sunnites de l’EI, l'Arabie saoudite voit surtout en elle un moyen de "faire face [au Yémen] à l'influence grandissante de l'Iran". "Pour l'instant, l'EI passe au second plan face à la menace d'extension du pouvoir chiite au Yémen, qui risque de modifier profondément la géopolitique de la région", estime Matthieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à l'université de Toulouse (France). L'envoi de troupes au sol au Yémen "pourrait être décidé lors de ce sommet", ajoute Sonia Dridi, la correspondante de France 24 au Caire.

L’Arabie saoudite évacue ses diplomates d’Aden, deuxième ville du Yémen

"Il est important que cette force [conjointe] ait des objectifs spécifiques, ainsi qu'un plan et un programme clairs", a averti un diplomate yéménite s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. Les pays arabes vont-ils réussir à surmonter leurs dissensions pour entériner à Charm el-Cheikh la création de cette force jugée "pressante" par la Ligue ? Rien n’est moins sûr, les divergences de points de vue entre les 22 membres pouvant ralentir le processus.

>> À voir sur France 24 : "Qui sont les Houthis, ces rebelles qui bouleversent la donne au Yémen ?"

Actuellement, une coalition arabe conduite par Ryad et regroupant notamment cinq pays du Golfe et l'Egypte, a lancé jeudi des frappes aériennes au Yémen pour stopper l'avancée des rebelles chiites Houthis et remettre au pouvoir le président sunnite Abd Rabbo Mansour Hadi. "Cette coalition prend de plus en plus l'allure d'une alliance sunnite contre les miliciens chiites", précise Sonia Dridi, la correspondante au Caire. Téhéran qui soutient les Houthis a mis en garde contre une propagation du conflit, et son président Hassan Rohani a dénoncé une "agression" contre le Yémen.

Samedi, l'Arabie saoudite a évacué des dizaines de diplomates d'Aden, dans le sud du Yémen. Les Nations unies ont suivi le mouvement en évacuant à leur tour leur personnel étranger de Sanaa. Selon un correspondant de l'AFP, la situation est de plus en plus chaotique et tendue dans le pays. Depuis le début jeudi de l'opération baptisée "Tempête décisive", 39 civils ont péri dans les frappes, selon des responsables des services de santé à Sanaa, contrôlés par les Houthis. Ce bilan n'a pu être confirmé de source indépendante.

Avec AFP