Un an après l'annexion de la Crimée par la Russie, le président russe Vladimir Poutine a révélé dans un documentaire diffusé dimanche qu'il avait réfléchi à mettre en alerte le dispositif nucléaire russe en cas d'intervention militaire occidentale.
Dans un documentaire diffusé dimanche 15 mars sur la chaîne de télévision publique Rossiya 1, le président russe Vladimir Poutine a confié avoir été prêt, il y a un an, à mettre en état d'alerte les forces nucléaires face à une éventuelle intervention militaire occidentale dans cette péninsule ukrainienne ensuite rattachée à la Russie.
"Nous étions prêts à le faire", à mettre en état d'alerte le dispositif nucléaire face "à la tournure la plus défavorable qu'auraient pu prendre les événements", a déclaré Vladimir Poutine dans ce documentaire diffusé la veille des commémorations marquant le premier anniversaire du "retour" de la Crimée dans le giron russe.
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Le tournage de ce documentaire de près de trois heures a pris huit mois, selon la chaîne, qui ne précise pas la date d'enregistrement de l'entretien avec le président russe, dont l'absence dans la vie publique depuis le 5 mars a provoqué toutes sortes de conjectures.
Poutine s’érige en sauveur
L'armée russe avait également positionné en Crimée des batteries de missiles de défense côtière, susceptibles de dissuader un navire de guerre américain de s'immiscer, raconte Vladimir Poutine, se présentant une nouvelle fois comme un sauveur.
"On ignorait alors" si l'Occident allait intervenir militairement, poursuit-t-il. "C'est pourquoi j'ai été obligé de donner les instructions qu'il fallait à nos forces armées (...), de donner des ordres sur l'attitude de la Russie et de nos forces armées en toutes circonstances", dit aussi Vladimir Poutine.
"J'ai parlé avec mes collègues (occidentaux, NDLR) et je leur ai dit que c'était notre territoire historique, que des Russes habitaient là-bas, qu'ils étaient en danger et que nous ne pouvions pas les abandonner", a poursuivi le président russe. "C'était une position franche et ouverte. Et c'est pourquoi je ne pense pas que quelqu'un ait eu envie de déclencher un conflit mondial", a-t-il ajouté.
Le rattachement, en mars 2014, de la Crimée à la Russie a cependant provoqué la pire crise diplomatique entre Moscou et l'Occident depuis la chute de l'URSS et un conflit armé dans l'est de l'Ukraine qui a déjà fait plus de 6 000 morts.
"Organiser un référendum sans effusion de sang"
Martelant que la Russie n'avait pas eu l'intention d'annexer la Crimée avant la chute, en février 2014, du président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch, Vladimir Poutine a déclaré avoir agi pour éviter une "effusion de sang" au cours du référendum de mars de la même année, à l'issue duquel cette péninsule ukrainienne a été rattachée à la Russie.
"Nous devions renforcer notre présence militaire en Crimée pour que le nombre de nos soldats permette de créer les conditions propices à l'organisation d'un référendum, un référendum sans effusion de sang", a jugé Vladimir Poutine à propos du déploiement du GRU, la Direction du renseignement militaire de l'armée russe.
Il a toutefois assuré que le nombre des militaires russes envoyés sur cette péninsule n'avait pas dépassé celui de "20 000 personnes autorisées" par un traité avec l'Ukraine sur la base navale russe de Sébastopol, le port d'attache de la flotte russe de la mer Noire en Crimée.
"L'objectif final n'était pas la prise de la Crimée ou son annexion. L'objectif final, c'était de donner aux gens une possibilité d'exprimer leur opinion sur comment ils veulent vivre dans l'avenir", a-t-il insisté.
Un commando pro-russe a pris le 27 février 2014 le contrôle du parlement de Crimée et convoqué à la hâte les députés pour qu'ils votent en faveur d'un gouvernement favorable à Moscou et pour l'organisation d'un référendum sur le rattachement à la Russie.
Les services secrets russes ont exfiltré le président ukrainien Ianoukovitch
Le président Poutine a reconnu que la Russie avait "agi de manière assez ferme" en Crimée. Mais "je suis sûr que si nous ne l'avions pas fait, les événements en Crimée se seraient déroulés conformément à un scénario similaire à celui que nous voyons aujourd'hui dans le Donbass", bassin minier de l'est de l'Ukraine, où un conflit armé entre Kiev et les séparatistes pro-russes a fait près de 6 000 morts en onze mois, a martelé Vladimir Poutine.
Il a également raconté avoir organisé, avec l'aide des services secrets russes, l'exfiltration vers la Russie de l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, qui avait quitté la capitale ukrainienne, Kiev, la laissant aux mains des manifestants pro-occidentaux.
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"Je ne veux pas donner une appréciation de son travail. Il a dit : ‘Je n'ai pas pu signer l'ordre sur le recours aux armes’" contre les manifestants, parmi lesquels il y avait de nombreux nationalistes radicaux bien armés, a indiqué Vladimir Poutine. "Cela peut être bien ou mal, mais les conséquences de cette inaction sont graves. C'est évident", a-t-il ajouté.
Avec AFP