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Sans surprise, Reykjavik a formellement retiré sa candidature à l'Union européenne. Le petit pays de l'Atlantique nord voit dans une adhésion à l'UE plus d'inconvénients que d'avantages, notamment sur les quotas de pêche, trop bas.

L'Islande semble avoir enterré pour longtemps sa candidature à l'Union européenne. Jeudi 12 mars, la décision de Reykjavik a été formellement annoncée à la Lettonie, pays qui assure la présidence semestrielle de l'UE, qui l'a transmise à la Commission européenne.

"Le gouvernement considère que l'Islande n’est plus un pays candidat et demande à l'UE d’agir désormais en conséquence", a précisé le ministère islandais des Affaires étrangères dans un communiqué. "Les intérêts de l'Islande sont mieux servis en dehors de l'Union européenne", a-t-il justifié sur son site internet.

L'opposition dénonce un passage en force

Cette décision est l'application du programme de la coalition de centre droit arrivée au pouvoir en 2013, qui promettait de mettre fin au processus d'adhésion. Le Premier ministre Sigmundur David Gunlaugsson a rappelé qu'"aucun des partis" au pouvoir n'avait envie de poursuivre le travail nécessaire pour rejoindre les 28 États membres de l'UE.

Partisan de l'adhésion, le chef de file de l'opposition sociale-démocrate, Arni Pall Arnasson, a déploré un passage en force de l'exécutif, qui n'a jamais réussi à obtenir une majorité au Parlement sur le sujet.

Il avait fallu des circonstances très particulières pour que Reykjavik dépose sa candidature en 2009 : le premier gouvernement de gauche de l'histoire du pays, une grave crise financière qui avait ébranlé la confiance des citoyens dans leurs institutions nationales et la chute de la valeur de la couronne, qui avait suscité l'envie d'adopter l'euro.

Les quotas de pêche en cause

Les sociaux-démocrates islandais n'ont jamais réussi à expliquer à l'opinion comment ils allaient combler le fossé entre Bruxelles et Reykjavik sur les quotas de pêche. Ce sujet épineux n'aura même pas été abordé lors des négociations entre juin 2011 et janvier 2013.

L’Islande bénéficie de nombreux avantages grâce à ses liens avec l'UE, sans souffrir des inconvénients. Elle est ainsi membre de l'Association européenne de libre échange (AELE) et applique la convention de Schengen qui permet la libre circulation des personnes. Cela permet au pays d'exporter ses produits de la mer vers le continent sans barrière tarifaire, alors même qu'il est engagé dans une "guerre du maquereau" avec l'UE. Depuis que l'Islande a relevé son quota de pêche en 2010, au motif que le réchauffement climatique aurait fait migrer l'espèce vers le nord, le conflit n'a pas pu être résolu malgré une multitude de réunions. Laisser Bruxelles décider du quota de pêche islandais paraît impensable sur l'île.

L'UE, une préoccupation lointaine

L'espace Schengen stimule une autre industrie importante pour le pays, le tourisme, crucial pour les entrées de devises.

Plus de six ans après l'effondrement d'un secteur financier hypertrophié qui avait plongé l'île dans la récession, la principale préoccupation d'une majorité d'Islandais n'est pas l'UE, mais les emprunts contractés durant les années de "boom" économique, qu'ils ont du mal à rembourser. "Le PIB par tête reste plus bas qu'en 2008, et même si nous ne manquons pas d'emplois, nous manquons de boulots qui paient bien, surtout pour les jeunes diplômés", explique Asgeir Jonsson, professeur d'économie à l'Université d'Islande.

Avec AFP et Reuters