Onze jours après le lancement de l'offensive pour reprendre Tikrit, l'armée irakienne assiège la ville en attendant de mener l'assaut contre les combattants de l'EI, qui de son côté promet des victoires.
Ils sont des milliers de combattants des forces gouvernementales irakiennes à assiéger, vendredi 13 mars, la ville de Tikrit, prêts à mener l'assaut contre les jihadistes de l'organisation de l'État islamique (EI).
Les forces irakiennes ont lancé début mars une vaste offensive visant à reprendre à l'EI le fief de l'ancien dictateur Saddam Hussein, situé à 160 km au nord de Bagdad. C'est l'offensive la plus ambitieuse lancée par Bagdad pour reconquérir les territoires occupés depuis l'été 2014 par l'EI.
Après 11 jours de combats, la reprise prochaine de Tikrit ne faisait guère de doute pour les militaires irakiens. "Le temps est de notre côté, nous avons l'initiative" et "nous commençons à appliquer la deuxième phase de notre plan", a expliqué jeudi 12 mars le ministre de la Défense, Khaled al-Obeidi, en déplacement dans la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale.
Avancée délicate
"Tikrit est bouclée de tous les côtés" mais "nous ne voulons pas nous précipiter", a précisé le général de police Bahaa al-Azzawi, interrogé par l'AFP. Soldats, policiers et membres des Unités de mobilisation populaire, une force para-militaire principalement composée de miliciens chiites, ont réussi mercredi à entrer dans Tikrit. En attendant de mener un assaut, les forces gouvernementales, fortes de plusieurs milliers d'hommes, tiraient sporadiquement à l'artillerie sur la ville, selon les journalistes de l'AFP.
L'avancée des forces gouvernementales est délicate car la technique des jihadistes consiste à truffer d'engins explosifs les lieux qu'ils s'apprêtent à quitter. "Nous n'avons pas face à nous des combattants au sol mais un terrain piégé et des snipers", a résumé un haut gradé.
L'incertitude demeure en outre sur le nombre de civils présents dans la ville.
L'EI minimise les revers
De son côté, l'EI, qui a accepté jeudi l'allégeance de Boko Haram, a promis de nouvelles victoires. Dans un enregistrement audio diffusé sur internet, un homme présenté comme le porte-parole du groupe extrémiste sunnite, Abou Mohamed al-Adnani, explique que "le calife" Abou Bakr al-Baghdadi a accepté "l'allégeance de nos frères du Groupe sunnite pour la prédication et le jihad", nom en arabe de Boko Haram.
Appelant les musulmans à rejoindre les rangs des combattants en Afrique de l'Ouest, Adnani a ainsi balayé les revers subis ces dernières semaines en Irak.
L'EI s'est emparé de larges pans du territoire irakien depuis juin et de grandes zones en Syrie voisine, et y a déclaré un califat. Mais une coalition internationale mise sur pied par les États-Unis frappe depuis août les jihadistes en Irak, appuyant des offensives terrestres de l'armée et de milices chiites, qui sont parvenues à reprendre du terrain après plusieurs semaines de débandade.
"Notre califat résiste et avance dans la bonne voie et à pas assurés. Nous combattons les croisés et la rafidah [la communauté chiite, NDLR] et jour après jour, l'EI devient fort", a affirmé Adnani dans l'enregistrement. "Les victoires proclamées par la coalition ne sont que des victoires illusoires qui consistent en la reprise de petits pouces de terre en Irak", a-t-il lancé.
Avec AFP