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Le Pakistan lève complètement son moratoire sur la peine de mort

Le Pakistan a levé complètement son moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2008, ont annoncé mardi des responsables. Une mesure aussitôt critiquée par les défenseurs des droits de l'Homme.

Un millier de prisonniers croupissant dans les geôles pakistanaises pourraient bien être prochainement exécutés. Le Pakistan a en effet levé complètement son moratoire sur la peine de mort, en vigueur dans le pays depuis 2008, ont annoncé, mardi 10 mars, des responsables.

"Le ministère de l'Intérieur a ordonné aux autorités provinciales d'exécuter tous les prisonniers condamnés à mort dont les demandes de grâce ont été rejetées", a déclaré un haut responsable au ministère de l'Intérieur ayant requis l'anonymat.

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"Nous avons bien reçu une lettre du gouvernement fédéral nous demandant de prendre des mesures rapides pour les condamnés à mort dont les demandes de grâce ont été rejetées", a confirmé à l'AFP le numéro deux du ministère de l'Intérieur de la province du Baloutchistan (sud-ouest), Akbar Hussain Durrani.

Dans la foulée du raid taliban contre une école de Peshawar (nord-ouest), ayant fait 153 morts à la mi-décembre, les autorités pakistanaises avaient déjà levé partiellement ce moratoire en autorisant les exécutions de condamnés à mort dans les seules affaires de terrorisme. La pendaison de condamnés pour d'autres crimes n’avait toutefois pas été autorisée. Depuis décembre, 24 condamnés à mort par des tribunaux antiterroristes ont ainsi été exécutés.

Une décision "choquante"

Ces pendaisons avaient alors été vivement dénoncées par des organisations de défense des droits de l'Homme, par l'ONU ainsi que par l'Union européenne (UE). Mais force est de constater que le gouvernement pakistanais se soucie peu de ces protestations.

"La facilité avec laquelle ce gouvernement a renié ses engagements pris il y a à peine deux mois est choquante", a réagi Sarah Belal, avocate à l'ONG Justice Project Pakistan (JPP), qui défend de nombreux condamnés à mort.

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Le maintien du moratoire avait pourtant été considéré comme l'un des points clés ayant permis au Pakistan d'obtenir, il y a un peu plus d'an, le statut de GSP Plus (Generalised Scheme of Preferences, système de préférences généralisées Plus de l'Union européenne) lui permettant d'exporter sans barrière tarifaire de nombreux produits, notamment textiles, vers l’UE, son premier partenaire économique.

Selon Amnesty International, près de 8 000 condamnés à mort croupissent aujourd'hui dans les prisons au Pakistan. Parmi eux, environ 1 000 prisonniers ont épuisé tous leurs recours, incluant leur demande de grâce au président, a souligné un haut responsable au ministère de l'Intérieur. Plus de 500 demandes de grâces attendent par ailleurs une réponse du président Mamnoon Hussain, précise l'organisation JPP.


Avec AFP