
Placé en garde à vue dans le cadre de l'information judiciaire sur des accusations de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, Claude Guéant a été mis en examen samedi pour "faux" et "blanchiment de fraude fiscale".
Claude Guéant a présenté à un juge d'instruction, samedi 7 mars. Entendu dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en avril 2013 sur un possible financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, l'ancien ministre de l'Intérieur a été mis en examen pour "faux", "usage de faux" et "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".
Pendant ses 30 heures de garde à vue, "on lui a posé près de 300 questions qui portaient pour l'essentiel sur ce soi-disant financement libyen" de la campagne présidentielle, a déclaré Me Philippe Bouchez el-Ghozi, l'avocat de Claude Guéant. Mais en lieu et place de faits de corruption liés à ces soupçons de financement, "on a un dossier qui se réduit simplement à justifier l'acquisition de deux tableaux il y a 22 ans et de leur réalité et, éventuellement, de leur déclaration fiscale", selon l'avocat qui a ajouté que son client niait tout délit.
À l'origine des soupçons des enquêteurs, la somme de 500 000 euros versée sur le compte de Claude Guéant, depuis la Malaisie en mars 2008. Interrogé une première fois au début de l'été 2013, l'ancien homme de confiance de Nicolas Sarkozy justifie cette somme par la vente de deux tableaux flamands du XVIIe siècle à un avocat malaisien. Mais des experts avaient contesté la valorisation de ces marines du peintre Andries van Eertvelt.
Des flux financiers suspects
L'ancien premier flic de France est soumis à un contrôle judiciaire lui interdisant de se rendre en Malaisie et d'entrer en contact avec certaines personnes, dont un homme d'affaires saoudien, Khalid Ali Bugshan, lui aussi mis en examen samedi pour blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. Ce dernier est soupçonné d'avoir versé les 500 000 euros sur le compte d’une société malaisienne, qui aurait ensuite fait un virement à Claude Guéant.
Les juges financiers parisiens ont lancé une commission rogatoire internationale en Malaisie, mais n'ont pas eu de réponse. Et l'avocat qui, à en croire Claude Guéant, aurait acquis les tableaux, semble aussi insaisissable que les œuvres.
Quant à l'homme d'affaires saoudien, il n'est pas inconnu de la justice française. Son nom était notamment apparu dans l’affaire de Karachi sur le financement de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur via des rétrocommissions présumées sur un contrat d'armement avec l'Arabie Saoudite, Sawari II.
Le parquet national financier doit prochainement décider de classer sans suite, de désigner des juges ou de faire citer Claude Guéant en correctionnelle.
Avec AFP et Reuters