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Soudan du Sud : les négociations de la "dernière chance" dans l'impasse

Les négociations de paix entre les belligérants sud-soudanais se sont à nouveau soldées par un échec, vendredi à Addis Abeba. L'ONU a voté une résolution destinée à sanctionner les "responsables" de la guerre civile qui mine le pays depuis 15 mois.

Nouvel échec des pourparlers de paix au Soudan du Sud. Les négociations de la "dernière chance", qui se déroulaient vendredi 6 mars à Addis Abeba entre belligérants sud-soudanais, sont restées au point mort. "J'ai le regret de vous informer que les discussions n'ont pas débouché sur les progrès nécessaires", a déclaré le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, au nom de l'organisation intergouvernementale est-africaine Igad.

Les chefs des deux camps, le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar avaient jusqu'au jeudi 5 mars pour parvenir à un accord. Et l’une ultime prolongation de quelques heures vendredi matin, n'a rien donné.

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Ce nouveau revers laisse le jeune pays s'enfoncer dans la guerre civile qui sévit depuis 15 mois. "Les conséquences de l'inaction, c'est la poursuite de votre souffrance à vous, peuple du Soudan du Sud, et d'une guerre absurde dans votre pays", a ajouté le Premier ministre éthiopien dans une déclaration adressée à la population sud-soudanaise. "C'est inacceptable, à la fois moralement et politiquement."

Conscient de la nécessité d’un accord, Hailemariam Desalegn a estimé que le processus de paix, entamé un mois après le début du conflit, devait désormais recevoir une nouvelle impulsion. Il a promis un "plan", à élaborer avec d'autres pays africains et au-delà, pour sortir de la crise. Ce dernier n'a cependant donné aucun détail sur la suite du processus.

Interrogé jeudi soir alors que les pourparlers allaient déjà dans le mur, un diplomate occidental impliqué dans les discussions avait laissé entendre que l'Union africaine (UA) pourrait désormais jouer un rôle, tout en laissant encore la main à l'Igad.

"Un mépris irresponsable du bien-être du peuple sud-soudanais"

En un peu plus d'un an, les deux camps ont déjà signé plusieurs cessez-le-feu, tous rompus au bout de quelques heures ou quelques jours. Les points de discorde portent sur les modalités d'un accord de partage du pouvoir entre Riek Machar et Salva Kiir.

La communauté internationale s'impatiente de plus en plus : pour la première fois cette semaine, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l'unanimité, une résolution prévoyant le principe de sanctions contre les belligérants. Vendredi soir, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est par ailleurs déclaré "profondément déçu" de l'échec des pourparlers de paix et a demandé "la poursuite des négociations". Et de poursuivre, "ceci démontre un manque de leadership et un mépris irresponsable du bien-être du peuple sud-soudanais".

L'UE a également apporté son soutien à la résolution de l'ONU, estimant qu'il fallait "augmenter la pression".

La menace de sanctions avait été brandie à plusieurs reprises ces derniers mois par la communauté internationale. Mais, face à la réticence de la Chine notamment, qui détient d'importants intérêts pétroliers au Soudan du Sud, elle n'avait jusque là jamais franchi l'étape de la résolution.

Une exclusion des chefs ?

Le Conseil de sécurité se donne désormais la possibilité de geler les avoirs de ceux qui menacent la stabilité du pays, se rendent coupables d'exactions ou entravent l'aide humanitaire, et de leur interdire de voyager. Un comité doit néanmoins désigner ultérieurement les individus à sanctionner.

Dans un document de travail obtenu par l'AFP et non daté, la Commission d'enquête de l'UA dans le pays a appelé de son côté à exclure du pouvoir les chefs des deux camps durant la future "période de transition".

Le Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis juillet 2011, est ravagé depuis le 15 décembre 2013 par une guerre civile qui à l'origine opposait une faction de l'armée fidèle au président Kiir à une autre loyale à Riek Machar. Depuis, une vingtaine de groupes armés et de milices ont rejoint le conflit, qui a été marqué par des atrocités à caractère ethnique et a conduit le pays au bord de la famine.

Aucun bilan officiel n'est disponible, mais des observateurs parlent de dizaines de milliers de morts. Plus de deux millions de personnes ont aussi été chassées de chez elles par les combats, trouvant refuge dans des bases de l'ONU dans le pays ou dans des pays voisins.

Avec AFP