Moscou et Kiev ont donné leur accord pour porter à 1 000 le nombre d'observateurs de l'OSCE dans l'est de l'Ukraine. Dans le même temps, l'UE a dit vouloir maintenir les sanctions contre la Russie.
La Russie et l'Ukraine ont donné leur accord pour doubler le nombre d'observateurs de l'OSCE chargés de veiller au respect du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine pour le porter à 1 000, a annoncé vendredi le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. L'accord a été conclu après une discussion entre les représentants de la Russie, de l'Ukraine, de la France et de l'Allemagne, a-t-il précisé.
Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) devront avoir accès aux zones de stockage des armes lourdes, a précisé le ministre, qui participait à Riga à une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne.
Toutefois, les observateurs de l'OSCE qui doivent surveiller le cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine sont toujours "trop limités dans leurs mouvements", a regretté vendredi auprès de l'AFP le secrétaire général de l'organisation, Lamberto Zannier.
"Une condition préalable au renforcement (des moyens de l'OSCE), c'est d'avoir plus d'accès, car cela ne sert à rien d'envoyer plus de gens si nous n'avons pas l'espace pour opérer", a indiqué Lamberto Zannier.
"Aucune raison d'alléger les sanctions"
Réunis en Lettonie pour évoquer la crise ukrainienne, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont dit vouloir maintenir pour l’instant les sanctions contre la Russie. "Elles ne seront pas levées sans quelque chose de vraiment bien sur le terrain. D'un autre côté, nous sommes toujours prêts à augmenter la pression si nécessaire", a déclaré la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini.
"Il n'y a aucune raison d'alléger les sanctions, nous n'avons pas observé sur le terrain de faits qui le permettraient", a renchéri le ministre néerlandais des Affaires étrangères Bert Koenders. "Mais restons vigilants, il faut être prêt à tout", a-t-il poursuivi, indiquant que la discussion allait se poursuivre dans les deux semaines à venir avant un sommet de chefs d'État le 19 mars, où des décisions pourraient être prises.
L'Union européenne a décrété plusieurs trains de sanctions économiques lourdes contre la Russie, qu'elle accuse de soutenir les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine. Elle a par ailleurs gelé les avoirs et interdit de transit 151 personnes pour leur implication dans ce conflit qui a fait plus de 6 000 morts en onze mois.
"Nous n'avons toujours pas de cessez-le-feu durable", a pour sa part fait valoir l'Allemand Frank-Walter Steinmeier, en insistant sur la mise en oeuvre des accords de paix signés à Minsk le 12 février. Ces accords prévoient, outre un cessez-le-feu, un retrait de toutes les armes lourdes par les deux parties afin d'établir une zone tampon d'une profondeur de 50 kilomètres à 140 kilomètres en fonction du type d'armes.
Le processus a démarré avec du retard, mais depuis un peu plus d'une semaine les deux parties assurent qu'il est en cours. Vendredi, un porte-parole militaire a affirmé qu'il se poursuivait. "Les soldats ukrainiens ont commencé le retrait des systèmes de lance-roquettes multiples Ouragan", a déclaré à l'AFP un responsable militaire, après avoir indiqué auparavant que celui des canons de 100 millimètres était achevé.
Mais après la prise par les rebelles de Debaltseve, nœud ferroviaire à mi-chemin entre les capitales séparatistes de Donetsk et de Lougansk, en dépit de l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, beaucoup craignent que Marioupol, dernière grande ville de la zone de conflit sous le contrôle de Kiev, ne soit la prochaine cible des séparatistes.
Envoi d'armement non létal
Pour l’heure, face à une situation qui peut basculer d’un moment à l’autre, les gouvernements occidentaux se montrent extrêmement prudents. Certains semblent prêts à livrer des équipements à l’Ukraine. La Grande-Bretagne a annoncé vendredi qu'elle allait fournir dans les prochaines semaines du matériel militaire non létal à Kiev pour l'aider à tenir tête à ce que le ministre de la Défense Michael Fallon a qualifié d'"agression russe".
Ce matériel, d'une valeur de 850 000 livres (1,18 million d'euros), comprend des lunettes de vision nocturne, des casques, des systèmes GPS, des ordinateurs portables et des trousses de premier secours. Il sera fourni gratuitement à Kiev, qui en a fait la demande, a précisé le gouvernement britannique.
Le numéro 2 de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a pour sa part confié à une radio allemande que les États-Unis réfléchissaient à adopter les mêmes mesures.
Quant à l’envoi des forces de l’ONU, il n’est pour l’instant pas d’actualité. Jeffrey Feltman, le secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires politiques, a indiqué que des forces d’interventions ne pouvaient être envoyées sur le terrain, tant que Kiev n’en avait pas fait formellement la demande.
Avec AFP et Reuters