La Cour de cassation a confirmé mercredi les demandes d'extradition de l'oligarque kazakh Moukhtar Abliazov, détenu en France, vers la Russie et l'Ukraine. Ces deux pays l'accusent d'avoir détourné plusieurs milliards de dollars.
Le pourvoi de l'oligarque kazakh Moukhtar Abliazov a été rejeté mercredi 4 mars par la cour de cassation qui confirme les demandes d’extraditions de la Russie et de l’Ukraine. Ces pays l’accusent d'avoir détourné des fonds de la banque kazakhe BTA pour un préjudice estimé, par cette dernière, à plus de six milliards de dollars.
Le 24 octobre dernier, la cour d’appel de Lyon avait déjà donné son feu vert à son extradition vers l’un de ses deux pays, avec une priorité pour la demande russe, mais l’ancien opposant kazakh s’était pourvu en cassation. "Je suis extrêmement déçue parce que je pense qu'il y a un vrai problème si Monsieur Abliazov est renvoyé en Russie et en Ukraine", a réagi auprès de Reuters son avocate, Me Claire Waquet.
Pour que son extradition ait bien lieu, le gouvernement doit toutefois la valider par un décret qui pourra être contesté devant le Conseil d'État. "La décision n'est pas prise, elle est entre les mains du gouvernement qui peut parfaitement prendre en considération ce que nous avons toujours fait valoir jusqu'ici, à savoir les risques réels, qui sont des risques factuels, pas des risques juridiques", a ainsi ajouté son avocate.
Trois pays avaient demandé l'extradition de l'ex-ministre et banquier : le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine. Mais en l’absence de convention d'extradition entre Paris et Astana, seules la Russie et l’Ukraine avaient pu prétendre à cette requête.
Le "Madoff" kazakh
Âgé de 51 ans, Abliazov a été emprisonné dans son pays en 2002 après avoir pris la tête d'un parti d'opposition au régime du président kazakh, Noursoultan Nazarbaïev. À sa libération, il prend la direction de la BTA qui, après un rapide et fugace développement, est nationalisée par le régime de fer de Nazarbaïev. Accusé de détournement de fonds, Abliazov fuit à Londres en 2009. Pour les avocats de la BTA, le préjudice financier est tel qu’ils n’hésitent pas à comparer Moukhtar Abliazov à l’escroc américain Bernard Madoff.
En Grande-Bretagne, l'ancien banquier est condamné à 22 mois de prison pour outrage à magistrat et dissimulation d'actifs. Il fuit en Italie, mais son épouse et leur fillette de 6 ans à l'époque ne tardent pas à être expulsées. Moukhtar Abliazov se réfugie alors en France, où il est interpellé le 31 juillet 2013 dans une somptueuse villa de la Côte d’Azur. Détenu depuis dans l'Hexagone,il clame son innocence, se disant victime d'une cabale politique du régime kazakh.
L'ancien champion du monde d'échecs et opposant politique russe Garry Kasparov a soutenu l'oligarque à plusieurs reprises, appelant la justice française à ne pas se faire "honte" dans cette affaire.
Avec AFP et Reuters