logo

Tensions autour des obsèques de l'opposant russe Boris Nemtsov

La Russie n'a pas ouvert ses portes à tous ceux qui souhaitaient se rendre aux obsèques de l'opposant Boris Nemtsov, mardi à Moscou. Certains responsables européens ont affirmé avoir été empêchés de faire le déplacement.

Certains responsables européens brillent par leur absence aux obsèques de l'opposant russe Boris Nemtsov, qui se déroulent dans un contexte tendu à Moscou, mardi 3 mars. Si plusieurs ambassadeurs des pays européens participent à la cérémonie, la Russie n’a pas ouvert ses portes à tous.

Plusieurs personnalités européennes ont affirmé avoir été empêchées de faire le déplacement. Le président du Sénat polonais, Bogdan Borusewicz, notamment, qui a déclaré que les autorités russes lui avaient refusé la permission de s'y rendre. "J'attends des explications […] pour savoir pourquoi une telle décision a été prise", a-t-il fustigé. Il pourrait s'agir d'une mesure de rétorsion de la part de la Russie, après les sanctions européennes prises à l'égard de plusieurs personnalités russes.

L'eurodéputée lettonne Sandra Kalniete a également annoncé lundi soir avoir été refoulée à l'aéroport international Chérémétiévo de la capitale russe. Certains des compagnons de lutte politique de Boris Nemtsov, tel qu’Alexeï Navalny, seront aussi absents. Condamné fin février à 15 jours de prison pour la "distribution illégale" de tracts, cet opposant n'a pas été autorisé par la justice russe à assister aux funérailles.

>> À voir sur France 24 : Boris Nemtsov assassiné : l'opposition russe punie ?

La compagne de Nemtsov de retour en Ukraine

Le corps de l'opposant russe, assassiné par balles à l’âge de 55 ans, est présenté, mardi matin, au Centre Sakharov dans la capitale russe, avant la tenue d'une cérémonie religieuse dans une église orthodoxe et la mise en terre prévue dans le cimetière de Troekurovskoye.

La compagne ukrainienne de Boris Nemtsov, qui avait été témoin de son meurtre, ne participera pas non plus aux derniers adieux publics. Ganna Douritska a quitté la Russie lundi soir sans faire de déclaration, pour rentrer chez elle, à Kiev.

Cette mannequin de 23 ans, qui se trouvait avec Boris Nemtsov sur un pont situé à deux pas du Kremlin lorsque celui-ci a été assassiné par balles vendredi soir, avait auparavant affirmé qu'on ne l'autorisait pas à sortir de Russie, dans un entretien avec la chaîne de télévision câblée d'opposition Dojd.

"Je ne sais pas qui a fait ça [...], je ne sais pas comment l'assassin s'est approché, il était derrière moi", avait-elle alors confié, reconnaissant être "dans un état psychologique très difficile" et confessant vouloir rentrer en Ukraine, auprès de sa mère. "J'ai le droit de quitter la Russie, je ne suis pas un suspect. Je suis témoin et j'ai donné toutes les informations que j'avais, j'ai tout fait pour aider les enquêteurs", avait insisté Ganna Douritska.

>> À lire sur France 24 : "Boris Nemtsov, farouche opposant russe et pourfendeur de Vladimir Poutine"

Images de vidéosurveillance

Peu d'informations ont pour l'heure filtré sur le travail du Comité d'enquête mais les enquêteurs russes ont déclaré n'écarter aucune piste : le crime politique comme la piste islamiste en raison du soutien de l'opposant au journal satirique français "Charlie Hebdo", ou encore celle d'un meurtre lié au conflit ukrainien et commis par des "éléments radicaux".

Des images de mauvaise qualité diffusées samedi soir sur la chaîne de télévision russe TVC et prises par une caméra surplombant à grande distance le pont sur lequel l'opposant a été abattu, montrent ce qui est présenté comme le déroulement de l'assassinat.

Au moment du meurtre, Boris Nemtsov et sa compagne sont cachés par un engin de déneigement, dans l'angle de la caméra. On peut ensuite apercevoir un individu, l'assassin présumé, courir vers la chaussée pour monter dans une voiture de couleur claire et quitter les lieux.

Avec AFP