À la grande surprise des Jeunes communistes de Lille, réunis pour leur conseil départemental, le fondateur d'Auchan a fait irruption dans leurs locaux. Gérard Mulliez voulait protester contre une affiche le représentant en "profiteur de la crise".
C’est un lieu dont personne n’imaginait un jour le voir franchir la porte. Le fondateur d’Auchan, considéré comme la troisième fortune de France par le magazine "Challenges", a rendu visite samedi 21 février aux membres du mouvement Jeunes communistes de France dans leurs locaux lillois.
Alors que les militants étaient réunis pour leur conseil départemental mensuel, un homme âgé a fait son apparition et a soudainement pris la parole. "Un monsieur pousse la porte d'entrée et commence à dire ‘Vous n'êtes pas gentils avec moi!’", a raconté à l’AFP Pascal, 24 ans. Sur le coup, personne n’a reconnu le milliardaire nordiste jusqu’à ce qu’il pointe du doigt une affiche du Parti communiste le représentant face à une ouvrière. Sur celle-ci, il est qualifié de "profiteur de la crise", tandis que la femme est dépeinte comme "une productrice de richesses et victime de la crise".
L'affiche du Parti communiste
G.Mulliez 3ème fortune de France n'a pas apprécié cette affiche on se demande bien pourquoi ? https://t.co/170J67CZG2 pic.twitter.com/YSHyuqiRSJ
— D.TRIPET/Circé (@Circe_45) 22 Février 2015Très mécontent de cette publicité, Gérard Mulliez s’est alors défendu. "Il nous a expliqué qu'il créait des emplois avec ses supermarchés, qu'à notre âge il avait déjà créé ses premiers magasins et que ce qu'on écrivait n'était que du charabia idéologique", a précisé Pascal.
Pendant environ cinq minutes, un débat a alors eu lieu entre le grand patron et les militants du PCF. "S'en est suivi un échange quelque peu houleux sur le débat capital/travail : pour nous, jeunes communistes, ce sont les travailleurs qui créent les richesses, alors que pour monsieur Mulliez et sa caste, ce sont lui et les autres grands patrons qui créent le travail", a décrit la Fédération PC du Nord dans un communiqué.
Selon des témoins cités par "La Voix du Nord", Gérard Mulliez est ensuite reparti dans sa Range Rover "garée en double file", lui qui affirme pourtant rouler en voiture modeste, toujours d’après le journal local. "Il s’agit de l’illustration parfaite de la lutte des classes avec un patron totalement déconnecté de la réalité " a commenté Quentin Le Matt, le secrétaire fédéral du Nord des Jeunes communistes. "Il a eu le courage de venir, mais après il est reparti confortablement, alors que les salariés continuent de lutter.
Malgré ce vif échange, la section du Nord-Pas-de-Calais du PCF a affirmé qu’elle ne comptait pas arrêter sa campagne d’affichage. Les jeunes militants ont par ailleurs lancé une invitation à Gérard Mulliez pour venir "débattre prochainement sur le coût du travail et le coût du capital".
La photo prise dans les locaux lillois du Mouvement Jeunes Comunistes de France (MJCF)
Avec AFP