Bien que depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, les combats aient quasiment cessé dans l'est de l'Ukraine, deux civils ont été tués dans la nuit de samedi à dimanche. Des violences qui témoignent de la fragilité des accords de Minsk.
Le "premier point" sur l'application du cessez-le-feu en Ukraine, prévu dimanche 15 février, entre Vladimir Poutine, Petro Porochenko, François Hollande et Angela Merkel, devrait être entaché par la mort de deux civils dans la nuit de samedi à dimanche, dans l'est de l'Ukraine, malgré l'entrée en vigueur de "Minsk 2".
"Peu après minuit [heure d'entrée en vigueur du cessez-le-feu, NDLR], des lance-missiles multiples Grad ont atteint le centre du village de Popasna" et tué deux civils, a annoncé Guennadi Moskal, gouverneur pro-Kiev de la région de Lougansk. Les autorités ukrainiennes ont précisé que les combats avaient cessé sur quasiment toute la ligne de front après 3 h (1 h GMT), seuls quelques affrontements isolés étant encore constatés.
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Les journées de vendredi et samedi ont aussi été marquées par de violents combats qui ont fait 38 morts dans l’est de l’Ukraine. Séparatistes pro-russes et militaires ukrainiens ont en effet continué à s'affronter pour gagner du terrain, faisant 28 morts dans la seule journée de vendredi, dont 16 civils, et poussant le président ukrainien, Petro Porochenko, à juger les accords de Minsk "en grand danger". Les combats se sont poursuivis également samedi, journée au cours de laquelle sept soldats ukrainiens et six civils ont été tués, selon les bilans communiqués par les autorités ukrainiennes et séparatistes.
Petro Porochenko avait profité, vendredi, d'une rencontre avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, à Kiev pour accuser les rebelles pro-russes "d'attaquer les accords de Minsk" en bombardant les populations civiles dans l'est de l'Ukraine. Le président ukrainien faisait référence au bombardement au lance-roquettes multiples Grad de la ville d'Artemivsk, située à plus de 30 kilomètres de la ligne de front, qui a tué trois civils dont un enfant de 7 ans vendredi.
Les représailles en cas d’échec de "Minsk 2" déjà envisagées
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Les dirigeants des sept plus grandes puissances économiques mondiales (G7, Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume Uni, États-Unis) ont appelé au "strict respect" des accords et se sont dit "prêts à adopter" des sanctions contre ceux qui le violeraient, selon un communiqué transmis par la présidence française.Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait quant à lui adopter dimanche une résolution appelant à "appliquer pleinement" le cessez-le-feu conclu à la suite des négociations de jeudi à Minsk, ont indiqué des diplomates.
Signe que l'hypothèse d'un échec de "Minsk 2" fait son chemin, le chef-adjoint de l'administration présidentielle ukrainienne Valeriy Chaly a assuré lors d'une émission télévisée qu'"en cas d'échec du cessez-le-feu, l'Ukraine recevra l'aide militaire de l'Occident".
Angela Merkel et François Hollande avaient, dès jeudi, laissé entendre qu'il y aurait des difficultés à appliquer "Minsk 2", et ont menacé la Russie de nouvelles sanctions si la trêve n'était pas respectée.
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a réaffirmé, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français François Hollande et la chancelière Angela Merkel, son attachement au respect du cessez-le-feu devant débuter dans la nuit, a indiqué l'Élysée. Les trois dirigeants "ont réaffirmé, Vladimir Poutine en particulier, la nécessité que le cessez-le-feu prévu à minuit puisse être effectif. Vladimir Poutine a lui-même dit que les rebelles étaient prêts au cessez-le-feu", lors de cet entretien téléphonique qui s'est déroulé vers 21 h heure française, selon l'Élysée.
Le texte de ces accords de "Minsk 2", arraché jeudi au terme de 16 heures de négociations entre les dirigeants russe, ukrainien, français et allemand, avait pourtant fait naître "une lueur d'espoir". Mais sur le terrain les affrontements avaient atteint des niveaux critiques après dix mois de conflit au lourd bilan de plus de 5 500 morts.
Avec AFP