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L'ONU dénonce les tortures infligées par l'EI aux enfants irakiens

En Irak, l'EI recrute "un grand nombre d'enfants" pour en faire des combattants, des kamikazes et des boucliers humains, dénonce l'ONU dans un rapport, qui évoque également des viols et d'autres tortures, non imputables aux seuls jihadistes.

Recrutement par des "groupes armés", tortures, sévices sexuels, assassinats… Dans un rapport rendu public mercredi 4 février, le Comité des droits de l'enfant de l’ONU (CRC) dénonce la situation alarmante à laquelle fait face "un grand nombre d'enfants" en Irak, notamment dans les zones du pays contrôlées par l’organisation jihadiste de l'État islamique (EI). C'est "un énorme problème", a asséné devant des journalistes à Genève Renate Winter, l'un des 18 experts indépendants membres du CRC dont la tâche consiste à s'assurer que les États respectent la mise en œuvre des traités internationaux relatifs aux droits des mineurs.

"Des enfants [sont] utilisés comme kamikazes, y compris des enfants handicapés ou ceux qui ont été vendus à des groupes armés par leurs familles", détaille ainsi le rapport. Il explique, en outre, comment certains mineurs ont été transformés en "boucliers humains" pour protéger des installations de l'EI des frappes aériennes, forcés à travailler à des postes de contrôle ou employés à la fabrication de bombes pour les jihadistes.

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Le CRC recense également les nombreux cas d'enfants, notamment appartenant à des minorités religieuses ou ethniques, auxquels l'EI a fait subir des violences sexuelles et d'autres tortures. Le document fait aussi état de plusieurs cas d'exécutions de masse de garçons, ainsi que des décapitations, des crucifixions et des ensevelissements d'enfants vivants.

Pas seulement imputables à l'EI

S’il a exhorté Bagdad à explicitement criminaliser le recrutement d'une personne de moins de 18 ans dans les conflits armés, le CRC reconnaît toutefois qu'il est actuellement difficile de poursuivre les membres des "groupes armés non étatiques" pour de tels actes. Au moins le gouvernement irakien devrait-il, selon Renate Winter, s'efforcer de faire tout son possible pour protéger les enfants dans les zones qu'il contrôle et pour les extraire des lieux contrôlés par l'EI.

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Reste que, selon le CRC, certaines violations des droits des enfants ne pouvaient être attribuées aux seuls jihadistes. De précédents rapports ont en effet révélé que des mineurs étaient contraints par les forces gouvernementales d'être de faction à des postes de contrôle ou étaient emprisonnés dans des conditions difficiles à la suite d'accusations de terrorisme. Des fillettes de 11 ans ont également été mariées de force.

Une loi permettant aux violeurs d'éviter toute poursuite judiciaire à condition de se marier avec leurs victimes s'est particulièrement attirée les foudres du CRC, qui a rejeté l'argument des autorités de Bagdad selon lesquelles c'était "le seul moyen de protéger la victime des représailles de sa famille".

 Avec AFP