
L’équipe de France de handball a trouvé sur son chemin une surprenante équipe du Qatar, qu'elle affrontera en finale, dimanche à Doha. Les Bleus, qui visent un 5e sacre mondial, seront face à un "club" composé de toutes pièces pour la compétition.
Bien malins sont les parieurs qui ont misé sur la quasi-inconnue équipe du Qatar, qui rencontrera la France en finale du championnat du monde de handball 2015, dimanche à Doha à 17h15 (heure de Paris). Même si le parcours de l’équipe hôte est d’ores et déjà un exploit, à y regarder de plus près, il ne s’agit peut-être pas d’un hasard.
- Des statistiques dignes d’un finaliste
Le Qatar n’a perdu qu’un seul match depuis le début de la compétition : contre l’Espagne en phase de poule (25-28), équipe battue hier par la France en demi-finales (26-22). Elle est la septième meilleure attaque du tournoi avec 223 buts (moyenne de 28 buts par match) juste derrière la France (234 buts en huit matches), et dispose également d’une solide défense avec seulement 202 buts encaissés (soit une moyenne de 25 buts par matchs) contre 193 pour la France.
Le Qatar, 36e équipe mondiale, est d’ailleurs la première équipe non européenne à se hisser en finale des championnats du monde de handball. Surprenant, lorsqu’on sait que la meilleure performance de l’équipe était jusque-là un 16e de finale en 2003.
- Seulement cinq qataris dans l’équipe
L’équipe qatarie ? Si on regarde en détail, il s’agit plutôt d’un "club" de handball : onze des seize joueurs sont étrangers et ont été naturalisés pour l’occasion. Bosniaque, Monténégrin, Égyptien, Tunisien, Cubain, Syrien, Iranien et même un Français (Bertrand Roiné) composent l’équipe. Le Qatar a largement profité du règlement de la Fédération internationale de handball qui permet de changer de sélection après trois ans sans porter le maillot d’une équipe nationale. Même l’entraîneur, Valero Rivera, est espagnol.
Comme il l’avait déjà fait lors de la Coupe du monde de football 2006 en proposant de fortes rétributions à des joueurs étrangers, notamment le brésilien Ailton, le Qatar n’a pas lésiné sur les moyens pour attirer ces joueurs : des primes alléchantes (100 000 dollars par victoire, 1,5 million en cas de titre suprême) ont été évoquées.
- Deux des meilleurs buteurs du tournoi, et deux gardiens stars
Le Qatar est très dangereux sur les ailes : l’arrière droit Monténégrin Zarko Markovic, actuel meilleur buteur encore dans la compétition (60 buts en huit matches), et deuxième meilleur buteur du tournoi toute équipe confondue. À quelques encablures, l’arrière gauche cubain Rafael Capote (42 buts) est également le fer de lance de l’équipe (ce joueur est cependant blessé et incertain pour la finale).
Mais c’est surtout dans les buts qataris qu’il faut regarder pour trouver le meilleur joueur : Danijel Saric, 37 ans, 1m94 pour 93 kg, actuel gardien du FC Barcelone, l’une des meilleures équipes d’Europe. Avec 61 parades décisives sur 169 tirs, le gardien a sauvé 38 % des tentatives à son encontre. Il est cependant encore loin du gardien français, Thierry Omeyer, qui a sauvé 96 des 252 tirs contre lui (38 % de réussite). À noter que le deuxième gardien du Qatar, le Montégrin Goran Stojanovic, a un ratio de sauvetage de pénaltys impressionnant (7 arrêtés sur 17, soit 41 %).
- La meilleure équipe au fair-play… vraiment ?
Au classement de l’équipe la moins sanctionnée, le Qatar est numéro un avec seulement 23 sanctions pour deux minutes (contre 34 à la France) et zéro carton jaune ou rouge. Des statistiques qui font peser le doute sur un arbitrage maison, en témoigne la réaction des joueurs polonais, éliminés en demi-finale par le Qatar (29-31), qui n’ont pas hésité à applaudir ironiquement les arbitres à la fin du match.
La présence du Qatar à ce stade reste notamment un exploit, en dépit des polémiques : l’équipe a vaincu l’Allemagne, l’Autriche ou le Brésil, des équipes bien plus expérimentées. Mais le Qatar sera face à une équipe de France qui n’a jamais connu la défaite dans une finale depuis 20 ans, et qui brigue un record jamais atteint : celui d’un cinquième titre mondial.