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La journaliste irano-américaine Roxana Saberi est libre

La peine de la journaliste irano-américaine condamnée à huit ans de prison ferme en Iran pour espionnage au profit des États-Unis a été commuée à deux de prison avec sursis en appel. Elle vient de quitter la prison d’Evine, à Téhéran.

Roxana Saberi a été libérée de la prison d’Evine, à Téhéran, où elle était détenue depuis le mois de janvier. "Je vais bien. Je ne veux pas faire de commentaires, mais je vais bien", a-t-elle déclaré à l’AFP.

La journaliste irano-américaine avait été condamnée, le 13 avril, à huit ans de prison ferme pour espionnage au profit des États-Unis.

La justice iranienne a commué sa peine à deux ans de prison avec sursis, lors de son procès en appel, le 10 mai.

Pour convaincre le juge, ses avocats ont argué du fait que "les États-Unis et l’Iran n’entretenaient pas de relations hostiles l'un envers l'autre", ce que le juge a lui-même approuvé. De ce fait, il n’est plus possible d’accuser Roxana Saberi d’espionnage.

"Cette phrase, très importante, montre l’évolution de l’esprit des autorités iraniennes", relève Siavosh Ghazi, le correspondant de l'AFP à Téhéran, pour FRANCE 24.

L'affaire intervient en effet alors que l'administration américaine amorce une politique d'ouverture en direction de la République islamique afin de renouer un dialogue interrompu depuis presque trente ans - au lendemain de la Révolution de 1979 et de la crise des otages américains en Iran.

"La mobilisation extraordinaire qui a eu lieu dans le cas de Roxana Saberi a sûrement joué un rôle dans la décision de la justice, assure Jean-François Julliard, secrétaire général de l’association de défense des journalistes Reporters sans Frontières (RSF) à FRANCE 24. Il y a eu des déclarations au plus haut niveau. C'est du jamais vu en ce qui concerne des journalistes détenus en Iran."

Le président américain Barack Obama avait lui-même appelé à la libération de la journaliste. RSF a également orchestré une campagne de grève de la faim "tournante" pour dénoncer sa condamnation.

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et le chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Mahmoud Hashémi Shahroudi, semblent avoir été sensibles au soutien international apporté à la journaliste et ont demandé au tribunal révolutionnaire de "porter la plus grande attention" à l'appel qu'elle a interjeté.

Pour Jean-François Julliard, l’approche de l'élection présidentielle du 12 juin a pu jouer un rôle dans le revirement de la justice iranienne : "Depuis le début, Mahmoud Ahmadinejad avait cette carte entre les mains. D’un côté, il a réussi à se rallier la frange la plus dure des conservateurs en obtenant une lourde condamnation de Roxana Sabéri en première instance. De l’autre, il améliore son image auprès des électeurs les plus modérés grâce à sa libération".

Installée à Téhéran depuis 2003, Roxana Saberi collaborait avec plusieurs médias étrangers jusqu'au retrait de sa carte de presse par les autorités, en 2006.