Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé, lundi, que 10 000 soldats allaient être déployé dans le cadre du plan vigipirate. Le gouvernement réfléchit, par ailleurs, à des nouvelles mesures pour lutter contre la menace terroriste.
Mobilisation sans précédent de l'armée, réponse "exceptionnelle" en préparation pour lutter contre le risque terroriste : l'agenda sécuritaire du gouvernement est chargé au lendemain du rassemblement historique en mémoire des victimes des attentats de la semaine dernière.
C'est d'abord sur le front de la présence armée en France que l'État compte agir. Plus de 10 000 soldats vont être déployés, d'ici mercredi, dans le cadre du plan vigipirate, a annoncé, lundi 12 janvier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Ils seront chargés d'assurer la sécurité des points sensibles sur le territoire national.
Dix fois plus de soldats qu'avant les attentats
Ils sont déjà 5 400 lundi soir, ils seront 8 500 mardi et, enfin, 10 500 mercredi. Cette force dépasse le nombre de militaires français engagés à l'extérieur, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Il y aura dix fois plus de soldats dans les rues françaises qu'avant l'attentat contre "Charlie Hebdo", a souligné Jean-Yves Le Drian.
Surtout, l'armée ne peut pas mobiliser davantage d'hommes, comme le rappelle le quotidien économique "Les Échos". "L’engagement des armées en renfort des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile en cas de crise majeure pourra impliquer jusqu’à 10 000 hommes des forces terrestres, ainsi que les moyens adaptés des forces navales et aériennes", précise, en effet, le livre blanc de la défense.
Les soldats supplémentaires viendront, notamment, en renfort aux abords des 717 écoles et lieux de culte juifs. Ces sites sont d'ores et déjà soumis à une protection particulière puisque 4 700 policiers et gendarmes y sont affectés depuis le lundi 12 novembre.
La prison, priorité du gouvernement
Mais cette mobilisation massive de l'armée n'est qu'une première étape. Le Premier ministre Manuel Valls a assuré, lundi sur BFM TV, qu'il "faut, à une attaque exceptionnelle par sa violence et sa barbarie, une réponse d’une très grande fermeté, et donc une réponse exceptionnelle".
Le chef du gouvernement avait indiqué, le vendredi 9 janvier, que "lorsqu'il y a 17 morts [en trois jours], c'est qu'il y a eu des failles" dans le système de repérage des terroristes prêts à passer à l'action. Ce sont ces "ratés" que les nouvelles mesures en préparation devraient permettre d'éviter à l'avenir, espère Manuel Valls.
La surveillance renforcée en prison semble désormais être la grande priorité du gouvernement. Elle passerait par la possibilité d'isoler les détenus "déjà radicalisés". Le but serait de les empêcher de propager leur idéologie. Cette technique est actuellement testée à la maison d'arrêt de Fresnes (sud de Paris).
"Certains détenus, souvent en position de précarité et de faiblesse psychologique, peuvent être réceptifs aux paroles idéalisées des jihadistes qui leur font croire à un quotidien meilleur", confirmait à France 24 Yoan Karar, secrétaire local de Force ouvrière, en novembre dernier.
Mais il faut aussi préciser qu'une telle mesure ne peut marcher qu'en allouant des "moyens supplémentaires" au personnel pénitentiaire. Car "isoler [ces populations] c'est leur donner de l'importance" ce qui peut les pousser à devenir plus revendicatif.
Pour Manuel Valls, l'autre outil de radicalisation - outre les prisons - serait Internet. "Je ne veux plus que, sur Internet, on puisse avoir ces mots effrayants de haine" , a affirmé le Premier ministre. Il a expliqué qu'il fallait mieux surveiller les dérives intégristes sur le Net.
Mais le Premier ministre ne veut pas pour autant en passer par un filtrage de la toile. Il se montre très réservé à l'idée, défendue par la députée UMP Valérie Pecresse, d'un "Patriot act" (mesures d'exception adoptées par les États-Unis après le 11 septembre 2001) à la française. Manuel Valls a appelé à faire "attention à toutes les mesures d'exception" et à éviter "la précipitation et l'inventivité" pour répondre à la menace terroriste.