
Plus de 48 heures après la tuerie au siège de "Charlie Hebdo", des éléments permettent de comprendre un peu mieux l’itinéraire des deux suspects, les frères Kouachi, depuis Paris jusqu’à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), où ils ont été tués.
Mercredi 7 janvier :
- Vers 11 h 30, deux hommes cagoulés et lourdement armés ouvrent le feu dans les locaux de Charlie hebdo, tuant 12 personnes en plein conférence de rédaction. Ils s’enfuient en Citroën C3 vers le nord-est de Paris.
- À la porte de Pantin, ils braquent un autre automobiliste et repartent, selon plusieurs sources, à bord d’une Clio grise.
- On saura plus tard que les deux suspects, deux frères qui se nomment Chérif et Saïd Kouachi, se dirigeaient vers Reims, au nord-est de Paris, où Chérif loue un appartement. Sans doute surpris par la vitesse à laquelle les policiers les identifient, ils auraient décidé de rebrousser chemin pour rentrer vers la capitale.
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Jeudi 8 janvier :
- Jeudi matin, les frères Kouachi sont repérés en Picardie par le gérant d’une station service, près de Villers-Cotterêts (Aisne), en rase campagne, sur la Nationale 2 (N2). Ce dernier a été agressé par les deux hommes, à visage découvert, armés de kalachnikovs et d’un lance-roquette. La police suppute que les deux tueurs se sont arrêtés pour se réapprovisionner en essence et en nourriture.
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- Le Raid et le GIGN se sont déployés, depuis la veille, dans la zone picarde. La région est placée sous "alerte attentat". Toute la zone rurale, très boisée, à cheval entre l’Aisne et l’Oise, est ratissée avec l’aide de plusieurs hélicoptères. Les forces de l’ordre passent notamment au peigne fin les villes de Villers-Cotterêts, de Longpont et de Crépy-en-Valois (Oise).
Vendredi 9 janvier :
- Vers 8 h 30 du matin, la traque reprend et se déplace en Seine-et-Marne, au nord-est de Paris, après une nouvelle fusillade qui éclate à un barrage entre les policiers et les frères Kouachi. Les forces de l’ordre ont reconnu la Peugeot 206 dans laquelle circulent désormais les deux hommes. Ils ont volé le véhicule un peu plus tôt, vers 8 h 15, à Montagny-Sainte-Félicité. La conductrice a assuré avoir identifié les suspects, toujours lourdement armés, selon des sources policières.
- Une course-poursuite s'est alors engagée avec la police sur la N2. Acculés, les deux auteurs de la fusillade de "Charlie Hebdo" se sont retranchés vers 9 h 30 à quelques kilomètres de Montagny, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), non loin de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, après un premier échange de tirs avec les forces de l'ordre, lors duquel Saïd Kouachi est légèrement blessé à la gorge. La ville de 8 000 habitants est bouclée par les forces de l’ordre, tandis que les deux frères Kouachi prennent en otage le gérant de l'entreprise, avant de le relâcher vers 10 h 20. Par ailleurs, un employé de l'imprimerie, Lilian, se trouve sur les lieux mais se réfugie au deuxième étage à l'arrivée des frères Kouachi, qui ne remarquent pas sa présence. Ces derniers restent au premier étage.
- Lilian, 26 ans, parvient à communiquer à la cellule négociation du GIGN "des éléments tactiques" par SMS, "comme sa position à l'intérieur des locaux" et "a également pu entendre les deux suspects parler", selon une source proche de l'enquête, contactée par l'AFP. Ces échanges permettent au jeune employé d'être rassuré et d'assimiler "la conduite à tenir pour le plan d'assaut", a expliqué la source.
- Durant les heures qui ont précédé l'assaut, les négociateurs de la gendarmerie ont tenté à plusieurs reprises d'entrer en contact avec les frères Kouachi, en appelant notamment sur les lignes téléphoniques de l'entreprise, mais les deux hommes n'ont jamais répondu. "Toutefois, ils ont écouté tous les messages laissés par les négociateurs", a expliqué une source proche du dossier à l'AFP.
- Après plusieurs heures de confrontation, les gendarmes d'élite ont voulu en finir à Dammartin-en-Goële. Mais peu avant 17 h, alors qu'ils se positionnaient dans la perspective d'un assaut imminent, Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans, sont sortis et ont tiré sur les forces de l'ordre, "entraînant leur neutralisation immédiate", a expliqué cette même source, qui a précisé : "Simultanément à l'ouverture du feu, un véhicule blindé de la gendarmerie permet d'accéder au premier étage pour libérer Lilian, en évitant d'éventuels piégeages" au rez-de-chaussée. Le jeune employé, indemne, est pris en charge par les gendarmes et amené au quartier général, avant de retrouver sa famille assez rapidement après l'assaut. Un membre du GIGN a été blessé durant l'assaut.
Avec AFP, AP et Reuters