Quatre ex-ministres accusés dans une affaire de pots-de-vin ont été exemptés, lundi, par une commission parlementaire, de se présenter devant la Cour suprême turque. Une victoire pour le président Erdogan, indirectement visé dans ce scandale.
Une commission parlementaire turque a voté, lundi 5 janvier, contre le renvoi devant la justice de quatre anciens ministres soupçonnés de corruption dans un vaste scandale qui avait ébranlé le régime islamo-conservateur il y a un an, a annoncé son président à la télévision.
Neuf des quatorze députés de cette commission membres de l'AKP, le parti du président Recep Tayyip Erdogan, se sont prononcés contre la transmission à la Cour suprême du dossier.
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Erdogan Bayraktar (Environnement et Urbanisme), Zafer Caglayan (Économie), Muammer Güler (Intérieur) et Egemen Bagis (Affaires européennes) sont accusés de corruption active, fraude et trafic d'influence. Ces ex-ministres sont soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin d'un homme d'affaire d'origine iranienne, Reza Zarrab, pour faciliter un trafic illicite d'or avec l'Iran sous embargo.
La décision de la commission doit cependant encore être débattue avant la fin du mois par le Parlement en session plénière, qui aura le dernier mot sur le renvoi des quatre hommes devant la justice.
Un "scandale étouffé", selon l’opposition
Initialement prévu le 22 décembre, le vote de cette commission avait été reporté en raison de dissensions entre majorité et opposition, sur fond de spéculations sur les intentions du pouvoir à six mois des élections législatives de juin.
Un membre de la commission appartenant au parti d'opposition CHP (Parti républicain du peuple, laïque) a vu dans le vote de lundi une tentative d'étouffer le scandale.
"Nous avons vu aujourd'hui au Parlement la façon dont le plus grand scandale de corruption de l'histoire turque a été étouffé sur ordre de l'AKP et du président. Ce résultat est attristant", a déclaré l'élu Levent Gok devant la presse.
Victoire pour Erdogan ?
Cette décision de la commission parlementaire est une victoire pour l’actuel président Recep Tayyip Erdogan, indirectement visé à l’époque alors qu’il était Premier minsitre.
L'homme fort du pays, comme ses quatre ex-ministres, ont tous nié les accusations portées contre eux, qu'ils ont attribuées à un complot lancé par leurs anciens alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen.
Le pouvoir a réagi en ordonnant des purges sans précédent dans la police et la justice où les partisans de Fethullah Gülen, qui vit aux États-Unis depuis 1999, étaient particulièrement actifs, dénonçant un "État parallèle".
Avec AFP et Reuters