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Plus de 50 manifestants blessés par des explosions

Au moins 51 manifestants antigouvernementaux ont été blessés par l'explosion d'une grenade dans les bâtiments du pouvoir exécutif à Bangkok. Une explosion près de l'un des aéroports de Bangkok a également fait deux blessés.

(AFP) - Deux explosions nocturnes à Bangkok sur des sites occupés par des opposants ont fait au moins 51 blessés à quelques heures d'une manifestation pro-gouvernementale dimanche qui fait craindre des violences majeures dans le royaume thaïlandais en pleine crise politique.

Dans le même temps, des milliers de touristes étrangers, piégés et impuissants face à la situation, cherchent à quitter le "Pays des Sourires" par tous les moyens.

Les attentats se sont produits dans la nuit de samedi avant une démonstration de force des partisans du Premier ministre Somchai Wongsawat, prévue dimanche. Cette contre-manifestation, dans le centre de Bangkok, près d'un site occupé par des opposants, fait craindre une effusion de sang.

Deux passants ont été blessés dans la nuit de samedi à dimanche par un engin explosif à l'extérieur de l'aéroport Don Mueang (vols intérieurs), occupé depuis jeudi par les manifestants ultra-royalistes de "l'Alliance du peuple pour la démocratie" (PAD) qui exige la démission de M. Somchai.

Plus tôt, 49 personnes, selon les services de secours, avaient été blessées dans une attaque à la grenade près d'une tribune dressée en face du siège officiel du gouvernement, également occupé depuis le 26 août par les opposants.

"Les manifestants sont revenus où ils étaient, ils n'ont pas peur", a assuré à la télévision le porte-parole de la PAD, Suriyasai Katasila.

Une série d'attaques à la grenade avait fait deux morts la semaine dernière, ce qui avait incité la PAD à lancer ce qu'elle a appelé la "bataille finale" contre le gouvernement "corrompu" de M. Somchai.

Les militants de la PAD, vêtus de jaune en signe d'allégeance au roi, continuaient dimanche de tenir tête aux autorités dont ils ont ignoré les sommations policières autour des aéroports.

Samedi, ils ont forcé des policiers à battre en retraite de barrages établis à l'aéroport international Suvarnabhumi aux mains des protestataires depuis mardi.

Malgré l'état d'urgence décrété autour de Suvarnabhumi et Don Mueang, aucun assaut n'a été lancé par les policiers alors que le gouvernement redoute l'engrenage et un éventuel coup d'Etat.

Le chef de l'armée, le général Anupong Paojinda, a fait savoir qu'il était opposé au recours à la force contre la PAD et de vives tensions ont été signalées entre lui et M. Somchai.

Des milliers de touristes tentent de quitter le royaume via notamment la base militaire d'U-Tapao, à 190 km au sud-est de la capitale, où des compagnies ont été autorisées à opérer, au compte-gouttes, pour des vols prioritaires.

L'aéroport international de Bangkok, qui peut gérer jusqu'à 700 vols quotidiens, restera fermé au moins jusqu'à lundi 11H00 GMT, a indiqué samedi son directeur.

Mais des experts de l'industrie touristique ont aussitôt douté de cette affirmation en raison de la gravité de la situation.

"Assiéger les aéroports est un acte aux conséquences extrêmement risquées. Cela conduira les pays étrangers à perdre confiance en la Thaïlande", a averti M. Somchai, retranché depuis mercredi dans la ville septentionale de Chiang Mai, à 700 km de Bangkok.

De son côté, le vice-Premier ministre Olarn Chaiprawat a prévenu que le rapatriement des passagers piégés en Thaïlande pourrait prendre jusqu'à "un mois".

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont demandé aux opposants d'évacuer sans tarder les aéroports, dont l'occupation a sérieusement perturbé le trafic aérien international et bloqué plus de 100.000 passagers en Thaïlande.

De nombreux gouvernements étrangers ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre en Thaïlande et des compagnies aériennes ont affrété des vols spéciaux pour des opérations d'évacuation.

Les opposants ont affirmé rejeter toute négociation avec le gouvernement. Ils exigent comme préalable à la fin de leur action la démission de M. Somchai. Ils l'accusent d'être "l'homme de paille" de l'ancien homme fort de la Thaïlande Thaksin Shinawatra qui n'est autre que son beau-frère.

M. Thaksin avait été renversé par un coup d'Etat sans effusion de sang en 2006 et s'est réfugié à l'étranger, mais ses lieutenants sont revenus au pouvoir à la faveur des législatives de décembre 2007, premières élections depuis le putsch militaire de l'année précédente.

La PAD mène depuis des mois des actions de harcèlement contre le pouvoir mais la plus spectaculaire a été l'occupation cette semaine des deux aéroports de Bangkok, provoquant des pertes estimées à plusieurs milliards de dollars.