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Le raid de la police turque contre la presse "contraire aux valeurs européennes"

L'UE et les États-Unis ont condamné la vague de répression contre la presse en Turquie, qui a mené à l’arrestation de 24 personnes. Le président Erdogan a réagi lundi en estimant que les Européens devaient "se mêler de leurs affaires".

L’Union européenne a déclaré dimanche 14 décembre, dans un communiqué au ton inhabituellement vif, qu’elle jugeait la vague de répression contre la presse en Turquie "incompatibles avec la liberté de la presse et contraires aux valeurs européennes". Des perquisitions dans les locaux de plusieurs médias et l'arrestation de responsables de journaux ou de chaînes de télévisions ont été ordonnés ces derniers jours par le président Recep Tayyip Erdogan.

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"Cette opération va à l'encontre des valeurs et des standards de l'Europe que la Turquie aspire à rejoindre et qui sont au cœur de relations renforcées", ont écrit la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, et Johannes Hahn, commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement.

Tous deux se sont rendus en Turquie début décembre, appelant au respect de "la présomption d'innocence" et à "une enquête transparente et indépendante" respectant "les droits des accusés".

Piqué au vif, le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé, lundi, que l'Union européenne n’avait "qu'à se mêler de [ses] affaires". "L'Union européenne ne peut pas interférer dans des mesures prises... dans le cadre légal, contre des éléments qui menacent notre sécurité nationale" a-t-il déclaré.

Les États-Unis ont également exhorté la Turquie à respecter la liberté de la presse, l'indépendance de la justice et ses "fondations démocratiques". "La liberté de la presse, le respect de la procédure et l'indépendance de la justice sont des éléments fondamentaux dans toutes les démocraties saines et sont consacrés dans la Constitution turque", a souligné dans un communiqué la porte-parole du département d'État Jennifer Psaki.

Vingt-quatre arrestations, principalement de journalistes, ont eu lieu dimanche, dans 13 villes du pays. Ekrem Dumanli, le directeur de "Zaman", l'un des principaux journaux d'opposition, a notamment été arrêté et mis en examen dimanche matin. Ce mouvement de répression s’inscrit dans le cadre d'un coup de filet national contre les partisans du grand rival du président Erdogan, le prédicateur islamiste Fethullah Gülen, exilé aux États-Unis depuis 1999.

Cette rafle survient deux jours après que Recep Tayyip Erdogan a annoncé une nouvelle opération contre les "forces du mal", activées selon lui par Fethullah Gülen. Vendredi, le président, déterminé à neutraliser les partisans de son ennemi, avait promis de "poursuivre jusque dans leurs tanières" ceux qu'il présente comme des "terroristes" et des "traîtres".

Des mandats d'arrêts ont été délivrés contre 32 personnes au total, accusées entre autres de "former un gang pour tenter d'attenter à la souveraineté de l'État", a indiqué l'agence gouvernementale Anatolie.

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Le mouvement de Gülen, 73 ans, est accusé par le régime à la tête de la Turquie depuis 2002 d'avoir constitué un "État dans l'État" et comploté dans l'ombre pour provoquer sa chute.

Comme lors de presque toutes les précédentes interventions de ce genre, tous les détails des opérations avaient été publiées sur Twitter par un mystérieux utilisateur, Fuat Avni, avant leur lancement.

Avec AFP et Reuters