Des milliers de Palestiniens ont rendu un dernier hommage au ministre Ziad Abou Eïn, jeudi à Ramallah, dans un climat d’exaspération contre l’occupation. Le haut responsable est mort la veille lors d’une altercation avec des soldats israéliens.
Des milliers de personnes ont assisté, jeudi 11 décembre, aux funérailles du ministre palestinien Ziad Abou Ein à Ramallah, mort la veille dans une altercation avec des soldats israéliens en Cisjordanie. Le cortège funéraire a traversé la ville dans un climat de colère à l’égard de l’occupant israélien.
La foule d'anonymes et d'officiels a accompagné la dépouille de Ziad Abou Eïn jusqu'au cimetière de Ramallah, où elle a été inhumée aux cris de "Nous te vengerons avec notre propre sang, Dieu est le plus grand !" et "Nous poursuivons ton combat". Auparavant, ils s'étaient pressés à la Mouqata'a, le siège de l'Autorité palestinienne, pour se recueillir devant le cercueil recouvert du drapeau palestinien. "Vengeance", scandaient certains, d'autres proclamant : "Ton sang n'aura pas été versé en vain", tandis que les haut-parleurs diffusaient des chants patriotiques.
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a décrété trois jours de deuil. Les écoles et les commerces étaient fermés et les murs de la ville recouverts de portraits du disparu.
Rapports d’autopsie contradictoires
La mort de Ziad Abou Eïn mercredi a fait monter d’un cran supplémentaire les tensions entre Palestiniens et Israéliens, d’autant que les médecins chargés de pratiquer l’autopsie du corps du ministre ont rendu jeudi des rapports contradictoires sur la cause de son décès.
D’après un haut responsable palestinien, les médecins jordaniens et palestiniens qui ont participé à l’autopsie ont conclu que le décès du ministre avait été provoqué "par des coups reçus, l’inhalation de gaz lacrymogène et un retard de prise en charge médicale".
De source médicale israélienne, on assure que l’autopsie a démontré que le ministre avait succombé à une crise cardiaque, peut-être en rapport avec le stress inhérent à l’altercation. "Sa mort résulte de l’occlusion d’une artère coronaire provoquée par du stress", a dit cette source sous couvert d’anonymat. "Ce stress a peut-être été provoqué par le fait qu’il a été saisi par le cou", a-t-elle ajouté.
Vers un gel de la "coopération sécuritaire" ?
Mahmoud Abbas avait annoncé mercredi que toutes les options étaient "ouvertes" à propos d'un éventuel gel de la coopération sécuritaire avec Israël. Il a qualifié d'"acte barbare qui ne peut être ni accepté ni toléré " la mort de son ministre âgé de 55 ans, chargé du dossier de la colonisation.
Interrogé sur le même sujet, le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Tzahi Hanegbi, a souligné que "cette coopération est de l'intérêt d'Israël, mais aussi de l'Autorité palestinienne, car elle lui permet de conserver ses capacités de gouverner sur le terrain. J'espère que cette considération sera plus forte que la tentation d'enflammer les esprits".
"Cette menace qui pèse sur la coopération sécuritaire est importante car il s’agit de l’un des tous derniers piliers qui demeurent encore entre les deux parties à un moment crucial où la tension reste très vive", affirme le correspondent de France 24 sur place, Gallagher Fenwick.
Le décès de Ziad Abou Eïn intervient en effet dans un contexte de regain de tensions entre Palestiniens et Israéliens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Selon un décompte de l’AFP, une vingtaine de Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne depuis juin en Cisjordanie. La partie orientale de Jérusalem, occupée et annexée, a également été le théâtre depuis l'été d'une flambée de violences qui ont fait au moins 18 morts.
Avec Reuters et AFP