Les affaires reprennent entre Paris et le Caire. Moins d’un an et demi après la répression sanglante des opposants au renversement de son prédecesseur islamiste Mohamed Morsi, le maréchal Abdel Fatah al-Sissi est invité à déjeuner, mercredi 26 novembre, avec le président François Hollande à l’Élysée.

Les 1 400 manifestants abattus dans les rues du Caire en août 2013, la suppression de toute opposition politique islamiste et libérale, et les centaines de condamnations à mort lors de procès de masse ne seront pas au menu des discussions.

Les deux chefs d’État ont prévu de s’entretenir sur l’éventuel retour des investisseurs étrangers en Égypte, ainsi que sur la poudrière libyenne, où des groupes armés islamistes se sont imposés depuis la chute de Kadhafi en 2011.

Le dictateur et le marchand d'armes

C’est sur ce thème de la "lutte anti-jihadiste" que Paris et Le Caire vont se retrouver : Sissi, qui effectue sa première tournée en Europe depuis sa prise de pouvoir, y puise une légitimité internationale tandis que l’industrie française espère conclure de juteux contrats d’armement.

"Si la France peut conserver sa place de quatrième exportateur mondial d’armes, c’est parce que le Caire a commandé quatre navettes pour un montant de un milliard d’euros, avec une option sur deux autres navires, soit 500 millions de plus", affirme Vanessa Descouraux, la correspondante en Égypte de France Inter.

"Cette question sera évidemment évoquée par Sissi lors de sa visite, tout comme, a priori, l’achat très possible de lots de missiles. Et le président s’est même dit très intéressé par le Rafale", ajoute la journaliste.

À l'issue du déjeuner entre Hollande et Sissi, des accords pour le métro du Caire et avec l'Agence française de développement doivent également être signés.

Retour des investisseurs étrangers en Égypte

Les sujets économiques constituent précisément l'autre grand volet des discussions, alors que le Caire veut organiser au premier trimestre 2015 une conférence économique internationale pour relancer son économie exsangue. La délégation égyptienne doit rencontrer jeudi les représentants des patrons français.

Dans un communiqué publié mardi, Amnesty International a exhorté la France de suspendre tous les transferts d'armes en cours en raison de la situation "alarmante" des droits de l'Homme en Égypte.

Reporters sans frontières a également prié François Hollande d'évoquer avec son homologue égyptien "la terrible répression contre les journalistes sous la bannière de la lutte contre le terrorisme".

Avec AFP