Surprenant destin que celui du football équato-guinéen. La sélection nationale, disqualifiée de la CAN-2015 pour avoir aligné un joueur camerounais face à la Mauritanie en juillet, organisera finalement le tournoi... et le disputera.
Après des semaines de tergiversations, le feuilleton autour du pays hôte de la 30e édition de la Coupe d’Afrique des nations a pris fin, vendredi 14 novembre. La Confédération africaine de football (CAF) a finalement désigné la Guinée équatoriale en remplacement du Maroc. Le royaume s'était vu retirer l'organisation du tournoi après avoir sollicité un report, en raison de l’épidémie d’Ebola qui frappe le continent.
Sur un plan strictement logistique, le choix de la CAF est difficilement contestable. La Guinée équatoriale, petit pays riche en pétrole situé en Afrique centrale, a co-accueilli avec le Gabon la phase finale de la CAN-2012. Elle dispose donc d’infrastructures aux normes mais aussi d’une récente expérience concluante en matière d’organisation de grands événements sportifs.
Et surtout, le pays, en perspective de la CAN-2017 pour laquelle elle s'est portée candidate, a continué à construire des stades ces deux dernières années.
Obiang, "un vrai Africain"
Sur un plan footballistique, en revanche, la décision prise par la CAF montre bien la situation compliquée dans laquelle elle se trouvait il y a quelques jours encore. En juillet dernier, l’instance avait tout simplement disqualifié la Guinée équatoriale des éliminatoires de la CAN-2015, puisque le pays avait aligné un joueur camerounais dans son effectif face à la Mauritanie (3-0).
Le revirement de situation est donc particulièrement marquant. Les équato-guinéens, mis au ban du football continental il y a moins de six mois, s’érigent cette fois en sauveurs de l'instance suprême du football africain. Une belle revanche pour ce petit pays exclu de la communauté internationale dans la foulée du coup d'État de Teodoro Obiang Nguema en 1979.
Et pour la CAF, ce choix, même s’il implique d’avoir dû céder sur quelques principes, constitue un grand soulagement à moins de deux mois du coup d’envoi du tournoi. Le président de CAF, Issa Hayatou, a d'ailleurs chaleureusement remercié vendredi le président équato-guinéen.
"À deux mois de l'événement, pour accepter d'organiser une compétition comme celle-là, il faut [...] être un vrai Africain", a souligné le patron de la CAF lors d'une conférence de presse à Malabo, après s'être entretenu avec le président équato-guinéen. Il devait ensuite visiter différents stades et infrastructures où doit se dérouler la compétition. Les quatre sites retenus pour la phase finale sont Malabo, Bata, Mongomo et Ebebiyin.