L’un des vétérans de l'opposition syrienne laïque, Louay Hussein, a été envoyé en prison au lendemain de son arrestation, alors qu'il s'apprêtait à quitter la Syrie, selon son avocat qui a transmis l’information jeudi 13 novembre à l'AFP.

Une équipe de France 24 l’avait rencontré en octobre 2013, à Damas, où il réside. Il était alors à la tête du mouvement d’opposition "Construire l’État syrien" qui ne se reconnaît ni dans le régime de Bachar al-Assad, ni dans l’opposition armée de la Coalition nationale syrienne (CNS). Créée en 2011, quelques mois après le début de la révolte anti-régime, cette formation, qu’il continue de présider, faisait partie de l'opposition de l'intérieur jusqu’ici "tolérée" par le régime.

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Accusé "d'affaiblir le sentiment national"

Selon son avocat, Maître Michel Chammas, contacté depuis Beyrouth, "le premier juge d'instruction à Damas a décidé d'arrêter l'opposant syrien (...) qui a été transféré à la prison d'Adra (au nord de Damas)". L'opposant de 54 ans est accusé "d'affaiblir le sentiment national et de propager des mensonges, après un article qu'il a écrit en juin dans le quotidien 'Al-Hayat'", où il a violemment critiqué le régime syrien dirigé par la famille Assad depuis plus de 40 ans.

Dans l'article "d'Al-Hayat", il écrit que Bachar al-Assad, mais aussi avant lui son père Hafez al-Assad, "n'ont pas su créer un véritable État", estimant qu'avec l'actuel président au pouvoir depuis 2000, les institutions de l'État se sont transformées en "outils de dictature".

"Ce régime ne peut pas accepter qu'il y ait des opposants pacifiques"

Il y a une semaine, Louay Hussein avait déclaré dans un communiqué que le régime de Bachar al-Assad "était en train de s'effondrer", appelant ses compatriotes "à œuvrer publiquement (...) en vue d'une coalition représentant le pouvoir et l'opposition" pour se substituer au régime actuel. D’après son avocat, ce communiqué a précipité les choses, poussant les autorités à arrêter l'opposant mercredi à la frontière avec le Liban, alors qu'il était sur le point de se rendre en Espagne en passant par Beyrouth pour une visite familiale. "Ce régime ne peut pas accepter qu'il y ait des opposants pacifiques, même modérés", a dénoncé l'avocat de Louay Hussein.

Opposant laïque de longue date connu pour son franc-parler, Louay Hussein a déjà été arrêté par le passé. Il avait été emprisonné et torturé pendant quatre ans durant les années 1980. Alaouite, il appartient à la même minorité que la famille Assad, une communauté intimement liée à l’État syrien.

Avec AFP