Dans une vidéo diffusée vendredi, le groupe terroriste Boko Haram nie toute signature de cessez-le-feu avec le gouvernement nigérian et exclut de libérer les 219 lycéennes kidnappées à Chibok.
Alors que les autorités nigérianes avaient annoncé mi-octobre qu’un cessez-le-feu avait été conclu avec Boko Haram, son chef affirme le contraire. Dans une vidéo de propagande obtenue vendredi 31 octobre par l’AFP, le chef du groupe terroriste, Abubakar Shekau, nie vigoureusement toute négociation. "Nous n'avons signé de cessez-le-feu avec personne (...) nous n'avons négocié avec personne (…) C'est un mensonge. Un mensonge", affirme-t-il.
Aucun élément ne permet de déterminer où et quand la vidéo a été tournée. Shekau y apparaît en tenue militaire, coiffé d'un turban noir. Autour de lui, quatre vans militaires équipés de canons anti-aériens et 15 combattants armés, dans un lieu à la végétation aride. Il parle pendant 12 minutes, avec son habituelle gestuelle emphatique, flanqué de deux combattants exhibant des drapeaux noirs frappés du sceau du prophète Mahomet, emblème des jihadistes dans le monde.
Les lycéennes de Chibok converties à l’islam et mariées
Pour la première fois depuis plus de cinq mois, Shekau évoque le sort des 219 lycéennes enlevées à Chibok le 14 avril dernier. Dans une vidéo obtenue par l'AFP le 5 mai, on pouvait voir plus d'une centaine d'entre elles vêtues de hijabs noirs, récitant des versets du Coran. Dans cette nouvelle vidéo, Shekau dit en éclatant de rire : "Nous les avons toutes mariées, elles se trouvent dans leurs foyers conjugaux."
À la suite de cette annonce, les familles des jeunes filles enlevées se sont déclarées "choquées" mais pas surprises. "Nous espérons seulement que le gouvernement redouble ses efforts pour tarir cette insurrection", a déclaré un homme dont quatre nièces ont été enlevées par Boko Haram.
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Abubakar Shekau dit exclure toute perspective future de négociation : "Nous ne négocierons pas. Quel est notre intérêt à négocier ? Allah nous a dit de ne pas le faire." Les violences incessantes et de nouveaux enlèvements, la semaine dernière, dans le nord-est du pays, en attestent.
Le gouvernement nigérian continue pourtant de soutenir que des pourparlers sont en cours au Tchad voisin. Mais dès le départ, l’annonce d’un cessez-le-feu faite par les autorités nigérianes avait été accueillie avec le plus grand scepticisme, Boko Haram y étant représenté par un individu inconnu de tous, un dénommé Danladi Ahmadu. Et dans la nouvelle vidéo, Shekau, qui s'exprime en haoussa, dit ne pas connaître cet homme.
Un otage allemand aux mains de Boko Haram
Dans cette vidéo, Shekau soutient également "retenir (un) otage allemand" enlevé le 16 juillet dans l'État d'Adamawa. Il avait été enlevé par des hommes armés à Gombi, à 110 kilomètres de Yola, la capitale de l'État, où il travaillait comme instructeur dans un centre de formation. Des témoins avaient rapporté qu'une vingtaine d'hommes armés à moto l'avaient attaqué devant chez lui, alors qu'il partait au travail. Si cet enlèvement n'avait pas été revendiqué jusqu'ici, Boko Haram, dont le nom signifie "l'éducation occidentale est un péché" en langue haoussa, avait tout-de-suite été évoqué.
Avec AFP