Le ministre français des Finances a annoncé jeudi matin que les conditions de livraison du Mistral à la Russie n'était pas réunies. Paris avait suspendu, début septembre, la remise du porte-hélicoptères à la stabilisation en Ukraine.
"Les conditions aujourd’hui ne sont pas réunies pour livrer le Mistral". La sentence est tombée, Michal Sapin a tranché. Interviewé sur RTL jeudi matin, le ministre des Finances a répondu à la Russie qui avait affirmé la veille qu’elle attendait une livraison du porte-hélicoptères français le 14 novembre.
Mais le ministre a rappelé que la livraison du Mistral était soumise à conditions. "Les conditions, c’est quoi ? C’est qu’en Ukraine nous soyons dans un dispositif qui va vers la normale, qui permette de détendre les choses", a rappelé Michel Sapin.
Sur son compte Twitter, le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine a publié, mercredi, une lettre présentée comme celle du vice-président du groupe public d’armement naval, DCNS, Pierre Legros. Ce dernier aurait invité Rosoboronexport, société publique chargée de l’exportation des armes russes, pour la remise du navire "Vladivostok" le 14 novembre à Saint-Nazaire.
"J’ai l’honneur de vous inviter personnellement à la cérémonie de livraison qui aura lieu le 14 novembre à Saint-Nazaire" (Loire-Atlantique), aurait écrit Pierre Legros dans ce courrier daté du 8 octobre. La DCNS, maître d’œuvre du navire, n’a pas authentifié ce courrier et s’est contenté d’indiquer qu’il n’y avait aucune date de livraison "confirmée à ce stade".
Dans l’entourage du ministre de la Défense, on indiquait mercredi qu’une décision devait être prise "courant novembre" par le président de la République quant à l’éventuelle livraison du bâtiment.
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Michel Sapin : les conditions ne sont pas réunies pour livrer le Mistral à la Russie
La conduite de la Russie en Ukraine déterminante
Ce contrat de vente de deux navires de guerre à la Russie pour 1,2 milliard d'euros, signé en juin 2011, met Paris dans une position délicate. La France est pointée du doigt par la communauté internationale, accusée de renforcer l'arsenal militaire russe, alors même que les Occidentaux accusent Vladimir Poutine de jouer un rôle actif dans la crise en Ukraine.
Le président François Hollande avait annoncé début septembre que
la livraison des navires serait suspendue et examinée de nouveau fin octobre, en fonction de l'attitude de la Russie dans le conflit ukrainien. Le 16 octobre, il conditionnait la livraison des bâtiments à une application du plan de paix en Ukraine et à un cessez-le-feu "entièrement respecté" entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes.
En cas de non respect du contrat, la France pourrait devoir rembourser un milliard d'euros, une solution peu engageante pour le pays aux finances déjà fragiles. Le bâtiment, construit selon les demandes du client russe, serait par ailleurs difficile à revendre.
Avec AFP et Reuters