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L'Église ne parvient pas à un consensus sur les homosexuels et les divorcés

Le rapport à mi-course du synode sur la famille laissait espérer de grands changements sur la question des homosexuels et des divorcés, mais les évêques conservateurs ont empêché toute évolution, selon le rapport final publié samedi.

Le tremblement de terre n’a finalement pas eu lieu. Le synode sur la famille, qui se tenait au Vatican depuis le 5 octobre, a approuvé, samedi 18 octobre, son rapport final, mais sans parvenir à un consensus sur les points délicats de l'accueil dans l'Église des divorcés remariés et des homosexuels, laissant une assemblée très divisée à l'issue de deux semaines de débats mouvementés.

Ce document a montré que le langage nouveau prônant la "miséricorde", autrement dit la bienveillance, à l'égard de l'union libre, des divorcés remariés et de l'homosexualité, qui imprégnait fortement une première synthèse des débats publiée lundi 13 octobre, ne fait pas l'unanimité.

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Les 183 pères synodaux ont voté paragraphe par paragraphe, mais trois d’entre eux - proposant un "approfondissement" sur l'accès aux sacrements, dans des conditions strictes, de certains divorcés remariés, et recommandant une "attention pastorale" pour les gays, tout en récusant toute "analogie" entre leurs couples et le mariage traditionnel - n'ont en effet pas atteint les deux tiers requis. Cela ne veut pas dire que leur contenu soit totalement rejeté et évacué du débat, a toutefois insisté le Vatican, conscient que le camp conservateur n’était pas encore prêt à de tels changements.

Certains cardinaux craignent ainsi que l'édifice de l'Église ne s'écroule tout entier en cas d'ouvertures majeures sur le divorce, l'union libre ou l'homosexualité. Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a résumé devant des journalistes le changement intervenu en six jours dans les groupes de travail qui ont étudié des centaines d'amendements : "Ce texte est nettement plus réservé" que celui de lundi, notamment sur les homosexuels, en tenant compte notamment des oppositions des évêques de "pays de cultures très différentes", a-t-il reconnu.

La médiatisation du synode critiquée

Le cardinal américain Raymond Leo Burke, un des chefs de file de l'opposition conservatrice au pape, avait affirmé, jeudi 16 octobre, que le texte pourrait être rejeté si les affirmations "inacceptables sur les rapports sexuels hors mariage et entre personnes de même sexe" n'étaient pas retirées.

Dans le premier document de lundi, la reconnaissance d'"aspects positifs" dans les unions stables hors mariage et chez les homosexuels, avait, il est vrai, suscité une avalanche de réactions inquiètes de prélats, des États-Unis à l'Afrique. Tous dénonçaient le fait que ces thèmes aient été mis en avant alors qu'ils avaient été peu abordés. Ils n'ont donc pas été repris sous cette forme dans le texte final.

La médiatisation du synode a aussi été jugée responsable des tensions. "Ce qui a été publié par les médias sur les unions homosexuelles est une tentative pour pousser l'Église à changer sa doctrine", a ainsi jugé le cardinal guinéen Robert Sarah.

L'archevêque de Malines-Bruxelles André Léonard avait de son côté déploré "l'incident" qu'a représenté, selon lui, la décision de rendre public lundi ce texte provisoire. "On a dû alors se focaliser sur les questions qui intéressent la presse au lieu de travailler sur celles qui intéressent les familles", avait-il dit à Radio Vatican.

Prochain synode en octobre 2015

Ce synode dit "extraordinaire" (réunissant les présidents de conférences épiscopales) avait été convoqué dès 2013 par François pour sonder les évêques sur les réponses à apporter aux défis de la famille, sans rompre avec l'indissolubilité du mariage.

Avant la clôture des travaux, le pape François a pris la parole, se déclarant confiant que l'année à venir permettrait de "faire mûrir, avec un vrai discernement spirituel, les idées proposées et trouver des solutions concrètes à tant de difficultés et innombrables défis". Samedi matin, le synode avait d’ailleurs rendu public un message aux familles dans le monde entier, insistant sur "l'amour conjugal indissoluble", et affirmant que "l'Église doit être une maison avec la porte toujours ouverte et accueillante, sans exclure personne".

L'approbation du document final montre également que la ligne réaliste du pape est assez largement suivie. Elle lui a surtout permis, paragraphe par paragraphe, de voir la force des camps en présence, partisans et adversaires de ses réformes.

Le long processus de consultations entamé avec ce synode agité, le premier convoqué par François, se poursuivra en octobre 2015 avec un deuxième synode "ordinaire", chargé d'élaborer des propositions. Ses conclusions seront remises à François, qui aura le dernier mot.

Avec AFP