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En Irak, l'EI attaque l'armée sur plusieurs fronts

Alors que les Kurdes de la ville syrienne de Kobané résistent toujours face aux jihadistes, la situation en Irak reste préoccupante. Malgré les frappes de la coalition, les extrémistes de l’organisation de l'EI se rapprochent de Bagdad.

Tous les regards sont braqués sur Kobané. Depuis trois semaines, la coalition menée par les Américains bombarde l’enclave kurde en Syrie pour tenter de l’empêcher de tomber aux mains des jihadistes de l’organisation de l’État Islamique (EI). Pourtant, non loin de là, la bataille irakienne fait toujours rage. Les combattants de l’EI se rapprochent inexorablement de Badgad, la capitale.

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"La situation se durcit d’heure en heure. Les militants de l’organisation de l’EI attaquent les forces irakiennes sur plusieurs fronts", témoigne Anne-Sophie Le Mauf, correspondante de France 24 à Bagdad qui indique que les provinces de Diyala et Sallahuddin sont en proie à de violents combats, de même que le sud de Bagdad. 

L’EI contrôle 85 % d'Al-Anbar

L’armée irakienne, aidée des tribus sunnites, a repoussé, mercredi 15 octobre, un assaut de l’organisation de l'EI à Ramadi, chef lieu de la province occidentale d'Al-Anbar. Majoritairement sunnite, cette province est devenue un objectif majeur pour les jihadistes qui la contrôleraient à 85 %, selon des responsables locaux. "À Al-Anbar, la bataille est rude" face à des jihadistes qui se déplacent "librement", a reconnu un porte-parole du ministère américain de la Défense.

"L'urgence en Irak est clairement en ce moment notre principale préoccupation", a également admis le général John Allen, coordonnateur de la coalition internationale, invoquant notamment la "stabilisation du gouvernement" irakien. "Mais évidemment l'EI a fait des avancées importantes en Irak", notamment dans la province d'Al-Anbar, a concédé John Allen.

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L’inquiétude des Irakiens et de la coalition est palpable. Cent militaires américains sont arrivés mercredi sur la base d’Al-Anbar pour entraîner des soldats et des éléments tribaux, selon des informations d’Anne-Sophie Le Mauf. Plus tôt dans la semaine, 80 prisonniers de l’EI ont été transférés depuis Al-Anbar vers des prisons plus sécurisées de Bagdad, par crainte qu’ils soient libérés lors d’assaut, comme ce fut le cas il y a quelques mois dans la fameuse prison d’Abu Ghraïb.

Bagdad en ligne de mire

Pour les Irakiens, l’aide américaine n’est cependant pas suffisante. " Les forces irakiennes voient que les bombardements s’intensifient sur Kobané et réclament une intensification des raids sur la province",explique Anne-Sophie Le Mauf. L’enjeu est de taille. Car si la province d’Al-Anbar venait à tomber complètement, la bataille se déplacerait aux portes de Bagdad et Kerbala, la cité sainte chiite au sud de la capitale irakienne. Une perspective qui mobilise toutes les forces vives irakiennes.  

"Les volontaires chiites, proches de l’Iran, sont en premières lignes. Ils viennent en soutien à l’armée irakienne. Toutes les forces sont mobilisées pour éviter que la ceinture de Bagdad ne tombe aux mains de l’EI", poursuit Anne-Sophie Le Mauf.

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Ces dernières 24 heures en Irak, les États-Unis ont lancé cinq raids : l'un près du barrage de Hadith et quatre dans le centre, selon le Pentagone. Le chef d'état major des armées américaines, le général Martin Dempsey a déclaré, jeudi 16 octobre, dans une interview accordée à CNN, que l'EI était loin d'assiéger la ville. "Je suis convaincu que nous pouvons aider les Irakiens afin que Bagdad ne tombe pas dans les mains de l’EI", a-t-il affirmé, assurant que la stratégie gagnante des États-Unis pour vaincre l'organisation extrémiste sunnite en Syrie et en Irak était "gagnante". Le chef d'état major ne s'est cependant pas prononcé sur l'envoi de troupes terrestres.