
Près de 11 millions de Mozambicains ont commencé à voter mercredi afin d'élire leur président et leurs députés. Parti au pouvoir depuis 39 ans, le Frelimo pourrait voir son hégémonie bousculée par l'ex-guérilla de la Renamo et le jeune parti MDM.
C'est un scrutin dont l'enjeu est capital pour la stabilité du pays. Près de 11 millions d'électeurs sont appelés à élire leur président et leurs députés du Mozambique pour les cinq prochaines années à venir, mercredi 15 octobre. Bien avant l'ouverture des urnes, deux files d'attente d'une centaine de personnes s'étaient formées devant l'École secondaire de Polana, l'un des bureau de vote de la capitale, a rapporté une journaliste de l'AFP.
"Les candidats nous ont promis du changement, et c'est ce que je veux voir. Des emplois, des emplois", martèle pour sa part Eduardo, 28 ans, titulaire d'un diplôme d'agriculture mais au chômage depuis deux ans: "Il y a trop de diplômés à la rue, qui font des boulots non qualifiés".
Bien que donné favori, le Frelimo, le parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1975, pourrait se heurter au succès populaire des meetings de l'opposition. La présence de Graça Machel, dernière épouse de Nelson Mandela et veuve du premier président du pays, n’y aura rien fait : le dernier rassemblement du Frelimo dans la capitale Maputo n'a pas fait le plein. Actuel ministre de la Défense, Filipe Nyusi, le candidat du pouvoir à la présidence, n'est pas le plus connu des trois prétendants à la magistrature suprême.
Deux adversaires historiques
Afonso Dhlakama, le chef de la Renamo, la guérilla historique devenue premier parti d'opposition à la fin de la guerre civile de 1992, a au contraire attiré des foules enthousiastes à chacun de ses meetings, promettant de mieux répartir les richesses de ce pays, qui possède de gigantesques réserves de gaz. Il se présente en outre à un scrutin présidentiel pour la cinquième fois.
Ces deux dernières années, la Renamo a mené une guérilla larvée contre le pouvoir, faisant plusieurs dizaines de morts, avant la signature d'un accord de cessez-le-feu, juste à temps pour sauver l'organisation des élections.
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En dépit d'une croissance économique moyenne de 7% par an sur la dernière décennie, portée par le charbon et les découvertes gazières, le Mozambique reste l'un des pays les plus pauvres du monde, où plus de la moitié de la population vit avec moins de un dollar par jour.
Pour autant, le Frelimo part avec une longueur d'avance : le président sortant, Armando Guebuza, avait été élu avec 75 % des suffrages à la présidentielle de 2009, et le Frelimo avait raflé 191 des 250 sièges du parlement.
Un outsider chantre de la non-violence
Derrière Filipe Nyusi et Afonso Dhlakama, l'outsider de cette élection présidentielle s'appelle Daviz Simango, chef du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM) et maire de Beira, la deuxième ville du pays. Le candidat de ce jeune parti, qui compte huit élus au sein du Parlement sortant, joue la carte de la non-violence, par opposition au Frelimo et à la Renamo, qui se sont affrontés pendant la guerre civile.
Mais les responsables du MDM se plaignent déjà des conditions du scrutin. "On avait plein d’affiches qu’on avait collées. Mais après deux, trois jours, elles ont disparu. On les a arrachées. Et tout ça sous les yeux de la police qui n'a jamais rien fait pour éviter cela", dénonce Obedias Simango, chef de campagne du parti dans la province de Tete (Ouest).
Pour être élu président au premier tour, l'un des candidats devra totaliser mercredi 50 % des suffrages plus une voix. Si aucun n'atteint ce score, un second tour devra être organisé dans les 30 jours après la proclamation des résultats.
Avec AFP