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Tirole, Piketty, Duflo : le triple A de la recherche française

Le prix Nobel d’économie a été décerné, lundi, au Français Jean Tirole. Cette récompense, qui suit de près le succès en librairie du traité d’économie de Thomas Piketty, confirme l'influence de la pensée économique "made in France".

Heureusement qu’il y a la recherche économique ! Alors que la France est régulièrement pointée du doigt comme le nouvel enfant malade de la zone euro, que ses efforts de réformes sont jugés insuffisants par Bruxelles, ses chercheurs en économie n’ont jamais autant eu la cote.

Sur France 24, Jean Tirole préconise des réformes du marché du travail en France

Jean Tirole, enseignant à l’École d’économie de Toulouse, après être passé par le prestigieux Massachussetts Institute for Technology (MIT), a reçu, lundi 13 octobre, le prix Nobel d’économie. Cette récompense a été attribuée au Français de 61 ans pour ses nombreux travaux sur “la meilleure régulation ou politique en matière de concurrence” dans des secteurs dominés par quelques grandes entreprises comme les télécoms ou la banque. En clair, le lauréat a proposé un cadre théorique permettant aux politiques d’être mieux armés face à des géants comme Google, Goldman Sachs et autres.

Un immense bravo à Jean Tirole qui fait la fierté de notre pays et de l'école d'économie française ! #TSE #PrixNobel #régulationdesmarchés

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 13 Octobre 2014

"Un immense bravo à Jean Tirole qui fait la fierté de notre pays et de l'école d'économie française !", a déclaré sur Twitter le ministre français de l'Économie, Emmanuel Macron. Ce serait d’après le Premier ministre un “pied-de-nez au French bashing”. Jean Tirole, spécialiste de l’analyse des marchés et de la finance d’entreprise, n’est pas le seul représentant hexagonal à sortir du lot économique.

Piketty, superstar

Dans un tout autre registre, Thomas Piketty, rattaché quant à lui à l’École d’économie de Paris, a réussi le tour de force de hisser un traité d’économie de plus de 700 pages en tête des ventes de livres. Son “Capitalisme au XXIe siècle" a fait de ce spécialiste des inégalités des richesses une superstar aux États-Unis. Ses critiques à l’égard d’un capitalisme de rente, qui se développerait de plus en plus, notamment aux États-Unis, lui a valu d’être l’invité de peu ou prou tous les grands talk-shows outre-Atlantique…

Thomas Piketty fait aussi partie, à 43 ans, des jeunes économistes qui comptent d’après le Fonds monétaire international (FMI). L’organisme, présidé par la Française Christine Lagarde, a d’ailleurs un faible pour la jeune garde des économistes tricolores. Sept Français figurent dans la liste 2014 des 25 chercheurs en économie de moins de 45 ans les plus influents dans le monde. Seuls les Américains, avec neuf citations, font mieux.

Des jeunes talents et des baleines de Londres

Aux côtés de Thomas Piketty se trouve, sur cette liste, Esther Duflo qui porte haut, déjà depuis 2013, les couleurs de la pensée économique française. Très haut même, puisqu’elle a été appelée en janvier de l'année dernière par le président des États-Unis, Barack Obama, pour rejoindre son équipe de conseillers en économie. Le locataire de la Maison Blanche la consulte, essentiellement, sur les questions de développement économique dans les pays émergents, un domaine dont elle est l’une des plus importantes spécialistes au monde.

Le prix Nobel, le FMI ou encore Barack Obama ne sont, cependant, pas les premiers à reconnaître les mérites de la formation économique hexagonale. Le secteur financier fait, depuis longtemps déjà, son marché en France pour dégoter certaines de ses stars. Le trader Fabrice Tourre a contribué à faire la fortune de son employeur, la banque Goldman Sachs, avant d’être impliqué dans un scandale financier retentissant à partir de 2010. La célèbre “baleine de Londres” - un trader spécialisé dans les paris risqués pour JP Morgan - est également française et s’appelle Bruno Michel Iksil. Il avait permis à son employeur d’empocher plus de 100 millions de dollars… avant de lui en faire perdre 2 000 millions.