La police a commencé à enlever, lundi, les barricades érigées depuis plus de quinze jours par les manifestants pro-démocratie. Dans le même temps, des hommes armés et masqués ont agressé les étudiants.
La police de Hong Kong a commencé, dans la matinée du lundi 13 octobre, à enlever plusieurs barricades érigées depuis une quinzaine de jours par les militants pro-démocratie, a rapporté Étienne Lamy Smith, le correspondant de France 24, sur place. "Tôt ce matin, des dizaines de policiers sont venus retirer des barricades du site principal", a-t-il expliqué. Profitant du faible nombre des manifestants qui avaient passé la nuit sur place, les policiers se sont déployés à Admiralty et sur un autre site, celui de Mongkok, selon des images télévisées. Les manifestants, pris par surprise, "sont restés passifs".
Le répit a été de courte durée. Quelques heures après cette intervention, des dizaines d’hommes masqués s’en sont pris aux protestataires, sur le site principal, à Admiralty. Les heurts se sont produits au milieu d'une large avenue occupée. Les assaillants, parfois armés de couteaux, ont tenté de forcer et de démanteler les barricades. Les forces de l’ordre ont dû s’interposer entre les deux camps pour éviter de violents affrontements, ont rapporté des journalistes de l’AFP.
"Gangsters chinois payés pour démolir les barricades"
"Certains d’entre eux ont été arrêtés. On ne sait pas qui ils sont, mais tout le monde pense ici que ces sont des Triades, des gangsters chinois payés pour venir démolir les barricades, harceler et agresser les étudiants", a ajouté Étienne Lamy Smith. Ces faits ne sont pas rares, la semaine dernière, ces hommes masqués avaient déjà provoqué les manifestants avant de repartir aussi vite.
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Depuis le 28 septembre, ces manifestants, dont une majorité d'étudiants, occupent plusieurs quartiers et artères stratégiques de l'ancienne colonie britannique, plongée dans sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Ils exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC) entend au contraire garder la mainmise sur le processus électoral.
Malgré les nombreuses injonctions des autorités de se disperser, les manifestants se sont installés dans la durée, en montant des tentes, des douches mobiles ou encore en organisant des soirées de débats, attirant des milliers de personnes ces derniers jours.
"Ouvrir une voie de circulation"
Fait inhabituel, le démantèlement des premières barricades par la police s'est déroulé sans incident. Les forces de l’ordre ne portaient pas leurs équipements anti-émeutes et n'ont tiré aucun gaz lacrymogène. Ils ont expliqué qu'ils n'étaient pas venus déloger les manifestants "mais ouvrir une voie de circulation" pour dégager les routes, rapporte Étienne Lamy Smith.
Faut-il toutefois voir dans cette intervention un premier pas vers le démantèlement complet des sites occupés ? "Il est probable que cela puisse être le début d’une expulsion forcée des manifestants", estime le correspondant de France 24. "Le mouvement a perdu de son souffle et du soutien public. Pendant la journée, il y a très peu de manifestants sur le site principal, à peine une centaine." Des engins de levage ont été acheminés sur le site principal pour enlever les barricades, a rapporté un photographe de l'AFP.
The newly rebuilt student barricades near the HK Red Cross offices in Admiralty after original ones removed by police pic.twitter.com/TEOkQ2qoov
— Ed Flanagan (@edmundflanagan) 13 Octobre 2014"Aucune chance" d'infléchir la position de Pékin
Le mouvement Occupy Hong Kong a engendré quelques heurts avec des habitants de l'ancienne colonie britannique opposés à cette occupation qui a entraîné la fermeture de nombreuses écoles et bureaux. Des chauffeurs de taxi, excédés par les blocages, ont également invectivé les manifestants. "On n'en peut plus", ont-ils écrit sur leurs véhicules.
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Dimanche, le chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, a déclaré à la télévision que les manifestants n'avaient "presque aucune chance" d'infléchir la position de Pékin sur l'instauration du suffrage universel total pour l'élection en 2017. Le gouvernement chinois a répété qu'il garderait le contrôle des candidatures.
Avec AFP