
Le premier classement des clubs européens les plus sains financièrement a été publié, jeudi, par un cabinet d’études financières. L’Ajax arrive en tête devant Arsenal et l’AS Saint-Étienne arrive en cinquième position. Explications.
L’AS Saint-Étienne (ASSE) dans le top 5 du football européen. Cela n’était plus arrivé aux Verts depuis les années 1970. Mais, en 2014, le club se distingue davantage par sa prouesse financière que sportive. L’équipe française arrive, en effet, en cinquième place du classement de clubs européens de football les plus solides financièrement, établi, jeudi 9 octobre, par le cabinet d’études financières S&P Capital IQ.
Ce n’est pas forcément un classement qui rechauffera le cœur des habitués du Chaudron. Il pourrait davantage intéresser d’éventuels investisseurs. C’est d’ailleurs en pensant à eux que S&P Capital IQ a décidé de loucher pour la première fois sur ce secteur. L’étude couvre les 44 clubs européens parmi les plus importants à l’exception du Real Madrid, Barcelone, Chelsea et le PSG. Ces mastodontes ne seraient pas suffisamment transparents.
Les pépites financières du football sont, d’après l’étude, l’Ajax d’Amsterdam et ensuite Arsenal. “Arsenal me semble un bon investissement car c’est l’une des très rares équipes, sinon la seule, qui dégage un profit depuis une dizaine d’années”, souligne Bastien Drut, économiste du sport et auteur de l'ouvrage “Les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus” (éd. De Boeck). Cela fait plus d’une décennie que la formation londonienne fait de la lutte contre les dettes sa priorité “au détriment de la lutte pour le titre”, remarque Bastien Drut.
Saint-Étienne et sa politique salariale
Quant à l’Ajax, elle est dotée d'un centre de formation parmi les plus réputés du monde. C’est d’ailleurs l’un des critères retenus par cette étude : les équipes qui privilégient les jeunes pousses maison aux stars payés à prix d’or trouvent davantage grâce aux yeux de ces experts financiers. Logique : la star planétaire du ballon rond est fragile. “Un contrat conclu à prix d’or peut très vite se déprécier si le joueur se blesse souvent ou n’est pas en forme, ce qui ajoute un important élément d’instabilité financière”, explique Bastien Drut. Dans le classement, viennent ensuite le Celtic de Glasgow, grâce à sa domination sans partage sur le championnat écossais, puis Manchester United.
Plus surprenant, au vu de ses résultats sportifs, l'ASSE se hisse en cinquième place. “Ils ont, en effet, développé un modèle salarial original dans lequel la part variable de la rémunération des joueurs est plus importante qu’ailleurs”, explique Bastien Drut. En clair, les salaires suivent les résultats sportifs. C’est financièrement plus sain que dans les clubs où les primes ne représentent qu’une petite partie de la rémunération. Dans ces cas là - “beaucoup plus nombreux” - lorsque l’équipe est à la traîne en championnat et que les recettes suivent le même chemin, la masse salariale pèse de plus en plus lourd.
Dans l’ensemble, les clubs des pays du Nord s’en sortent mieux que ceux du Sud. Le top 10 compte uniquement des formations hollandaises, britanniques, germaniques et françaises. Les quatre pires clubs sont italiens. Un effet indirect de la crise économique de 2010 qui a fait plus de mal aux pays du Sud ? “Je ne pense pas. L’affluence dans les stades espagnols, par exemple, n’a pas beaucoup changé”, note Bastien Drut. Pour lui, l’explication vient plutôt de l’application des règles de régulation financière qui “sont bien mieux mises en place dans les championnats des pays d’Europe du Nord”.