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Charles Blé Goudé accusé de "certains des pires crimes" devant la CPI

L’ancien bras droit du président ivoirien déchu Laurent Gbagbo, qui comparaît depuis lundi devant la Cour pénale internationale, a été accusé d’être "responsable de certains des pires crimes" commis après la présidentielle de 2010.

Charles Blé Goudé espérait une audience d’"infirmation des charges". Mais c'était sans compter sur le procureur de la Cour pénale internationale, qui a rappelé, lundi 29 septembre, que les hommes sous l'autorité de l'Ivoirien, proche de l'ex-président Laurent Gbagbo, avaient tué, violé, brûlé vifs et persécuté des centaines de personnes lors des violences de 2010 et 2011.

L'ex-chef des "jeunes patriotes", un mouvement pro-Gbagbo extrêmement violent, "est responsable de certains des pires crimes" commis après l'élection présidentielle de novembre 2010, a soutenu le procureur Fatou Bensouda.

Le crâne soigneusement rasé, portant des lunettes aux montures noires et un costume sombre, Charles Blé Goudé, 42 ans, a régulièrement pris des notes lors de l'audience. Dans la galerie du public, les propos de Fatou Bensouda ont été accueillis par des soupirs et des rires sarcastiques d'une dizaine de partisans de Charles Blé Goudé.

Celui surnommé le "général de la rue" - pour sa capacité à mobiliser les foules - est accusé d'avoir participé à un plan commun fomenté par Laurent Gbagbo et son entourage dans le but de conserver le pouvoir.

Le camp Gbagbo reprochait à la France, ancienne puissance coloniale, d'avoir mis sur pied un complot ayant évincé ce dernier à la faveur de son rival Alassane Ouattara. Un conflit électoral, qui en cinq mois, a fait plus de 3 000 morts.

>> À lire sur France 24 : "'Pro-Gbagbo et fier de l'être', Blé Goudé clame son innocence devant la CPI"

Une décision d’ici deux mois

À l'issue de l'audience de confirmation des charges, qui se tiendra jusqu'au jeudi 2 octobre, les juges doivent décider si le dossier de l'accusation est assez solide pour justifier un procès. Une décision doit être rendue dans les 60 jours.

"Cette audience est une étape importante vers la justice pour les crimes horribles commis après les élections disputées en Côte d'Ivoire", a déclaré Jelena Pia-Comella, vice-présidente de l'ONG Coalition pour la CPI.

"Par son charisme et ses talents d'orateur, il a galvanisé des milliers de jeunes", a soutenu Eric MacDonald, représentant le bureau du procureur. Ces jeunes étaient armés, formés et intégrés à la chaîne de commandement des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FDS), fidèles à Laurent Gbagbo, selon l'accusation.

Charles Blé Goudé doit répondre de quatre chefs de crimes contre l'humanité liés à cinq événements "représentatifs", selon l'accusation, de ses crimes, notamment la répression sanglante de manifestations pro-Ouattara ou le bombardement à l'arme lourde d'un quartier densément peuplé d'Abidjan, Yopougon.

L'accusation le tient pour responsable d'au moins 184 meurtres, 38 viols, 126 actes inhumains et 348 persécutions.

Charles Blé Goudé avait été arrêté en janvier 2013 au Ghana et extradé vers la Côte d'Ivoire. Il avait finalement été transféré en mars 2014 vers La Haye.

Une enquête qui "prend du temps"

"Il y a une grande différence entre un activisme public légitime et une conduite criminelle", a rétorqué l'avocat Nick Kaufman de l'accusé, soutenant que la CPI devrait "abandonner" les poursuites contre son client.

Les discours enflammés de Blé Goudé "peuvent heurter la sensibilité européenne", mais ne signifient pas qu'il a appelé à la violence, a-t-il martelé.

À l'extérieur de la CPI, une quarantaine de partisans de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé s'étaient rassemblés pour réclamer la libération des deux hommes.

"Nous sommes là pour lutter contre cette imposture, contre cette justice partiale", a déclaré à l'AFP Willy Bla, président du Cri panafricain, un mouvement pro-Gbagbo.

L'ex-chef de l'État ivoirien se trouve, lui, en détention à La Haye et sera jugé par la CPI, tandis que son épouse Simone, réclamée par la CPI, est détenue en Côte d'Ivoire. Mais aucun membre du camp Ouattara n'a encore été inquiété par la CPI.

Fatou Bensouda s'est pourtant voulu rassurante. "Notre enquête dans ce pays n'est pas terminée, cela prend du temps [...]. La justice sera rendue, des deux côtés", a-t-elle promis.

Avec AFP